Vous êtes nombreux à vouloir réaliser une numérisation super 8 en 4K ou en HD. Il est vrai que l’exploitation de DVD, disques durs ou clef USB est beaucoup plus souple que la mise en place d’un projecteur de cinéma posé en équilibre sur une pile de livres. Si vous possédez quantité d’heures à archiver, vous ferez de sérieuses économies en effectuant l’opération vous-même. Il vous suffit de vous procurer un appareil de projection en état de marche, voire d’occasion (300 euros), et de suivre notre méthode en 7 étapes.
VOS SOUVENIRS MÉRITENT LE MEILLEUR
Le télécinéma, opération que nous allons réaliser ici, est un procédé qui transforme une image film en signal vidéo. Les systèmes de transfert grand public (projecteur dédié type Elmo Transvideo, boîtier de transfert, livre optique … ) permettent de convertir l’image argentique en signal vidéo, mais ils sont rares et peu performants. Cela s’explique dans la mesure où l’on peut effectuer soi-même cette tâche. Il suffit de projeter le film sur un écran blanc mat et de filmer cette projection avec un camescope de qualité. Mieux, rien n’empêche de raccorder ledit camescope à un enregistreur externe (graveur DVD ou ordinateur), sachant que ce camescope peut enregistrer simultanément pour doubler la copie. Nous vous conseillons un appareil tri-CCD avec fonctions de base débrayables, notamment la vitesse d’obturation, et possédant éventuellement le réglage de la colorimétrie avant enregistrement. Le numérique permet de transférer des films dans de bonnes conditions et de réaliser des « masters » sur bande DV, pour ensuite produire des copies de qualité. Nombre de vidéastes nous ont fait part de leurs difficultés à effectuer ces transferts, les résultats n’étant pas toujours satisfaisants, surtout en termes de netteté, de colorimétrie, scintillement et contraste. Voici la méthodologie à suivre pour optimiser le résultat.
Si vous transférez vos films vous-même, la qualité du résultat dépend d’un certain nombre de facteurs liés à la conception même du matériel de prise de vues et de projection ainsi qu’aux conditions dans lesquelles il se trouve présenté et qui a évolué tout au long de l’histoire du film super 8.
Un projecteur de cinéma comporte un obturateur circulaire à pales qui vient interrompre le faisceau lumineux pour occulter la descente du film à chaque image. Avec une seule pale, à la vitesse de 16 ips (images par seconde) , l’image est affichée durant 1/16 de seconde sur l’écran ; on est proche de la persistance rétinienne de l’œil, ce qui génère un scintillement très visible. Aussi, les constructeurs ont-ils équipé leurs appareils de deux ou trois pales identiques et complémentaires, pour augmenter le nombre d’obturations par seconde et diminuer le scintillement sur l’écran, selon le même principe que pour le 100 Hz des téléviseurs.
Les vitesses de projection standard sont de 24 ips pour les films sonores aux formats 16 mm et 35 mm, 18 ips pour les films 9,5 mm, Super 8 (S8) et 8 mm sonores, et 16 ips s’ils sont muets. Les projecteurs dont la vitesse peut varier de 16 à 24 sont dotés d’un obturateur à deux pales pour la vitesse de 24 ips, et à trois pales pour les deux autres (16 et 18 ips), ce qui se traduit par 48 occultations de lumière par seconde à 16 ou 24 (16×3 ou 24×2) et 54 à 18 (18×3).
Ces cadences posent quelques problèmes en vidéo, où l’analyse de chaque trame s’effectue au 1 /50 de seconde, la fréquence image étant de 25 par seconde. Si l’on filme un écran sur lequel s’affichent des images projetées à 16, 18 ou 24 ips, les 48 ou 54 obturations par seconde qui masquent le film, vont conduire à n’enregistrer qu’une partie du temps de projection de chaque image. Des barres noires correspondant à la fermeture de l’obturateur au passage de chaque pale, créent un phénomène de battement, ce que l’œil perçoit comme un scintillement visible, notamment, sur les parties claires de l’image.
Pour limiter, voire éliminer ce phénomène, il faut disposer d’un projecteur capable de varier sa vitesse de défilement de l’ordre d’une ou deux ips, en plus ou en moins. Cela, pour obtenir 50 obturations par seconde, soit 16,66 ips avec un obturateur tripale (16,66 x 3 = 50), et 25 ips avec un bipale (25 x 2 = 50), comme sur les télécinémas professionnels. D’ailleurs, les films 16 ou 35 mm, destinés à être exploités à la télévision, sont tournés à 25 ips. Toute variation de la vitesse de projection d’un film modifie la reproduction des mouvements et celle de la bande sonore. Dans le cas présent, une variation d’une ou deux images est acceptable dans la plupart des cas. Si le projecteur ne possède pas de vitesse variable, il est également possible d’atténuer le scintillement en utilisant l’une des vitesses lentes de l’obturateur du camescope, s’il est doté de cette fonction. Le 1/25 est recommandé pour limiter les filés sur les mouvements très rapides. Autre élément à prendre en compte pour choisir la vitesse de projection : le son.
Opérez dans une pièce très sombre, voire obscure pour accroître le contraste de l’image projetée. L’écran doit être blanc, lisse, mat, ou légèrement satiné pour adoucir le grain de la pellicule, mais en aucun cas perlé, à cause de la forte granulation. La méthode la plus simple consiste à utiliser une feuille de papier blanc pour photocopieuse, fixée sur un support vertical par des punaises, du scotch ou deux pinces à linge.
Pour éviter les déformations géométriques de l’image filmée dues aux erreurs de parallaxe (effet de trapèze), le camescope doit être placé le plus près possible du projecteur pour que les deux axes optiques, soient presque confondus. Certes, si la distance entre l’appareil de projection et l’écran augmente, les deux axes se rapprochent mais l’image s’agrandit et diminue en termes de luminosité et netteté.
Si le projecteur est doté d’un zoom, cherchez le meilleur compromis. Il faut privilégier une configuration permettant d’utiliser les longues focales des objectifs des 2 appareils. Nous vous conseillons d’afficher une image d’environ 30 à 40 centimètres de base au plus pour conserver une luminosité suffisante et garantir une parfaite netteté, sinon, le diaphragme du camescope va s’ouvrir au maximum, diminuant la profondeur de champ, déjà réduite par les longues focales.
Veillez également à placer le camescope de telle manière que vous puissiez agir sur la mise au point du projecteur, hors du champ de prise de vues du camescope.
Avant de charger le film faites-le tourner à vide. Vérifiez que le cadre blanc filmé par le camescope correspond à celui affiché sur l’écran, sans déformation. Attention au cadrage de l’image, ne vous fiez pas au viseur, mais à ce qui est reproduit sur l’écran TV, surtout pour la mise au point et la colorimétrie.
Avant de charger le film et lancer le transfert, nettoyez le couloir de projection avec un jet d’air comprimé (type aérosol) pour empêcher les poussières de s’agglutiner sur la fenêtre de projection. Raccordez la sortie vidéo du camescope (DV, HDMI ou composite selon le modèle utilisé), au système d’enregistrement prévu, lui même connecté à un moniteur (ou TV) de contrôle. Pour le son, raccordez la sortie audio du projecteur (sortie ligne) sur l’enregistreur. A défaut de sortie ligne, vous pouvez utiliser la sortie haut-parleur qui bénéficie du réglage du volume et des tonalités (graves et aigus).
Si le caméscope sert d’enregistreur, il faut s’assurer qu’il dispose d’une entrée ligne, sinon l’entrée microphone peut être utilisée à la condition d’insérer un atténuateur (câble dédié) ou une console de mixage entre les deux appareils.
Les vitesses choisies pour les films sonores correspondent souvent à 24 images/seconde pour les formats 16 et 35 mm et à 18 images/seconde pour le Super 8.
Le son d’un film projeté à 25 images et tourné à 24 images devient légèrement plus aigu, et plus grave s’il est projeté à 16,66 images alors qu’il a été tourné à 18. Mieux vaut donc traiter le son à part et refaire éventuellement la bande sonore pour lui donner une nouvelle jeunesse. L’opération sera plus aisée si le transfert s’effectue sur un enregistreur doté de la fonction doublage audio. Sinon, on peut toujours utiliser un bon vieux magnétophone et injecter le son avec l’image, lors du transfert.
Si le son issu du projecteur sonore est correct, il pourra être prélevé sur la sortie ligne ou sur la sortie haut-parleur.
Pour un camescope, l’utilisation de l’entrée microphone, très sensible, nécessite l’usage d’un câble spécial pour atténuer le signal et éviter toute saturation (Sony RKG 128 HG, par exemple).
Nous déconseillons la reprise directe du son par le microphone du camescope, car il capterait les bruits environnants.
Le papillotement est dû à la différence de cadence entre le film (16, 18 ou 24 images/seconde) et la vidéo (25 images/seconde). Pour l’atténuer, voire l’éliminer, il faut faire varier la vitesse de défilement quand c’est possible de 1 à 2 images/seconde en plus ou en moins. Sinon, on peut utiliser une des vitesses lentes de l’obturateur (1/25 par exemple) pour choisir le meilleur compromis. Vérifiez la disparition du papillotement sur le cadre lumineux projeté avant le chargement du film.
Le contrôle de l’image reproduite doit s’effectuer sur un téléviseur ou un moniteur raccordé à la sortie vidéo de l’enregistreur (camescope ou magnétoscope). Débrayez le stabilisateur, devenu inutile puisque le camescope est fixe.
Faites une mise au point manuelle sur les titres, pour éviter tout « pompage » pendant la projection. L’exposition doit être mise en mode manuel, mais la balance des blancs doit être réglée en fonction du résultat obtenu sur l’écran et de vos propres goûts (tons chauds ou froids). Pour vérifier tous ces réglages, réalisez quelques essais avant de lancer le transfert.
Cette étape s’impose pour éviter les surprises. Chargez le film et positionnez-le convenablement sur la bande amorce. Lors du chargement, veillez bien à placer le côté émulsion vers l’écran et le support brillant vers la lampe. Souvenez-vous, c’est la lampe «qui brille».
Profitez des premières images de votre film pour régler très précisément la mise au point. Pensez également à vérifier la balance des blancs et le niveau du son (paramètre parfois oublié). Si tout est bon, arrêtez la projection et rembobinez le film pour revenir au début.
Placez une cassette ou une carte mémoire dans le camescope numérique ou un DVD vierge dans le graveur. Lancez la projection et, juste avant qu’apparaissent les premières images sur l’écran, activez l’enregistrement du camescope et/ou du graveur et vérifiez en permanence la mise au point, outre la balance des blancs et le son, car les vieux films ne sont pas toujours parfaitement plan, et un léger «gaufrage»de la pellicule se traduit par des images plus ou moins floues à l’écran. De même, si vous avez mélangé des émulsions différentes sur la même bobine (noir et blanc et couleur), vous devrez vérifier la mise au point au passage de l’une à l’autre, car l’épaisseur des émulsions est différente.
Pendant la projection, pensez à envoyer de l’air sec sur le couloir de cheminement du film afin d’ôter les poussières susceptibles de s’entasser sur la fenêtre de projection et d’être visibles sur l’écran.
Pour obtenir un transfert satisfaisant avec des corrections colorimétriques et un meilleur piqué de l’image, vous avez intérêt à effectuer un montage de vos rushes et à les confier à un prestataire performant.
Ces prestataires sont équipés de télécinémas professionnels ou utilisent la méthode de la projection directe. Le film est livré sous forme de fichier y compris le son quand le film est pisté. Certains laboratoires proposent l’insertion de génériques et de titres.
En principe, les films sont vérifiés avant le transfert et les collages défectueux sont refaits. Le scanner permet la numérisation de tout format sans entraînement du film par un débiteur à crans susceptibles d’abîmer les perforations. Le film glisse dans un couloir avec une détection automatique des images.
Il est tout à fait possible de numériser des bobines 8mm dans les mêmes conditions que le super 8. Il suffit d’avoir un projecteur adapté à ce format.
Vous pouvez vous procurer du matériel ancien dans des brocantes ou sur des sites de vente en ligne tels que eBay ou Le Bon Coin. Pour le mini-scanner Reflecta, il est disponible sur de nombreux sites.
Vous pouvez également vous rendre sur un site web spécialisé pour acheter des ensembles complets ou des kits de modification.
Il est possible de trouver des plateformes proposant la location de mini scanners Reflecta. Cependant, il est important de noter que la vitesse de scan est très lente et que le coût de la location à la journée peut rapidement devenir prohibitif. Il est donc préférable de vérifier cette donnée avant d’opter pour cette option.
Pour numériser des super 8 sonores en vidéo, il est nécessaire de s’assurer d’avoir un projecteur sonore à disposition. Il est à noter que les mini scanners en vente ou en location ne sont pas en mesure de numériser les pistes sonores. Toutefois, si vous ne disposez pas d’un matériel permettant la numérisation des films sonores, il reste tout de même possible de numériser les images.
Une fois que vous avez procédé au transfert numérique de vos super 8 sur votre ordinateur, vous pouvez créer un DVD en utilisant un logiciel et un graveur de DVD.
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