Trois caméscopes DV supplémentaires en trois mois, un nouveau constructeur dans la course, le numérique commençait à sérieusement s’imposer sur les linéaires. Cela dit, la facture restait encore salée puisqu’il fallait débourser 2300 € minimum pour s’offrir une de ces merveilles à l’apparition des premiers camescopes mini DV. Le transfert de cassette vidéo était déjà possible à cette époque. Le prix restait le principal attrait des appareils analogiques, et le transfert de cassette vidéo en numérique était alors envisageable pour un particulier. Mais au fait : analogique, numérique, quelles différences ?
La tête de caméra comporte des optiques et un capteur. Celui-ci se charge de former l’image à l’aide de points photosensibles ou pixels. Le signal ainsi obtenu est traité numériquement, mais enregistré en analogique, via la partie magnétoscope. La résolution horizontale se limite en VHS & 8 mm à 250 pts/ligne et en SVHS/Hi-8 à environ 400-420 pts/ligne.
Là aussi, c’est le capteur qui élabore l’image. Ensuite, le système convertit le signal en 0 et 1. Il traite, mais surtout enregistre et délivre un signal numérique. La définition l’emporte sur celle des appareils analogiques puisqu’elle peut atteindre les 500 pts/ligne. La colorimétrie est avantagée grâce à une bande passante de chrominance six fois supérieure. La haute qualité d’image reste assurée, entre autres, par un système de détection et de correction d’erreurs qui évite les Drops Out*.
Le magnétoscope numérique DV Sony DHR 1000 vous permettra de copier tout vos rushes analogiques en numérique sur cassette DV. Et bien sûr il est capable de relire les cassettes mini DV qui proviennent d’un camescope DV. Il réconcilie l’analogique et le numérique.
La bande magnétique dans les deux cas. Les mêmes précautions s’imposent, éviter chaleur, poussière, sources de démagnétisation…
Essentiellement trois types de cassettes : les 8 mm/Hi-8, les VHS et les VHS-C. En 8 mm / Hi-8 la durée peut atteindre deux heures en vitesse standard. Laquelle peut être doublée (mode Long Play) mais au détriment de la qualité d’enregistrement. Les cassettes VHS affichent aussi des durées record. En revanche, celle des (S)-VHS-C longtemps limitée à 45 minutes, a été portée à 60 minutes en vitesse standard.
Les cassettes DV sont plus compactes que les petites 8 mm (environ 40 % de volume en moins) mais elles n’excèdent pas une heure d’enregistrement. Un inconvénient important. Il existe des cassettes de 120, 180 et 270 mn, mais cette durée accrue s’accompagne d’une augmentation de la taille, par conséquent, elles ne conviennent pas aux camescopes DV (Sony VX9000 excepté, qui accueille exclusivement les grandes cassettes). Leurs principaux destinataires ne sont autres que les magnétoscopes numériques. Le premier modèle de ce type lit et enregistre à la fois les grandes et les petites cassettes directement, contrairement aux magnétoscopes VHS qui acceptent les VHS-C, via un adaptateur.
Notez également qu’il n’existe pas qu’une vitesse standard, là encore à une exception près, le Sony PC7E. Cet appareil peut accroître le temps d’enregistrement de 50 % (90 au lieu de 60 mn maxi), mais ce choix entraîne une altération qualitative de l’image.
Notez enfin, que certaines cassettes DV (les Sony seulement pour l’instant) intègrent une puce permettant d’afficher la liste des photos, ainsi que les heures et dates d’enregistrement. Contre partie : un prix plus élevé.
L’audio est enregistré sur une piste séparée (VHS) ou sur la même piste que l’image, mais cette fois en modulation de fréquence (8 mm ou son Hi-Fi VHS) avec une réponse allant jusqu’à 12 kHz. Par conséquent, bien qu’en 8 mm/Hi-8 le son soit de meilleure qualité qu’en VHS non Hi-Fi, il n’est pas possible d’effectuer une insertion d’image seule. Celle-ci s’accompagne toujours d’un effacement du son original qui l’accompagne.
L’enregistrement sonore s’effectue en PCM 12 bits/32 kHz (sa réponse en fréquence avoisine donc les 16 kHz). A l’enregistrement, on dispose de deux voies stéréo. La seconde servant au doublage son. Notez que dans ces conditions l’insertion d’image seule (ou de son seul) devient possible. Certains caméscopes proposent aussi une prise de son de haute qualité 16 bits/48 kHz (équivalent au DAT). Dans ce cas, le doublage son n’est pas permis ou entraîne une conversion en analogique.
Il existe différentes incompatibilités.
Les incompatibilités de standard existent toujours. En revanche, format et système sont communs en grand-public. Tous les caméscopes DV accueillent la même cassette et enregistrent de la même manière (le modèle VX9000 à la limite du professionnel excepté). Par conséquent, une bande enregistrée par un camescope Sony ou Sharp sera lue par un modèle Panasonic ou JVC, et inversement.
Côté connectique, tous les appareils DV de première génération n’intègrent pas forcément de sortie numérique. Celle-ci est très précieuse pour dupliquer ses images sans perte de qualité sur un magnétoscope DV. Mais tous les modèles DV disposent de sorties audio-vidéo composites (Cinch) et Y/C (Ushiden). Rien n’interdit donc de lire ses images sur un téléviseur lambda (Pal) ou de les enregistrer sur n’importe quel magnétoscope. Seule restriction : la qualité image/son délivrée ne sera pas à son meilleur niveau.
Fondu-enchaîné, volets… Tous les effets numériques sont permis mais leur présence n’est pas systématique. De même, on peut, sur certains matériels, trouver un intervallomètre (sympathique pour créer des animations), un titreur ou un retardateur.
Pratique, la fonction Data Code, partagée essentiellement par des modèles 8 mm/Hi-8, permet au choix de visualiser ou non sur le téléviseur, date et heure de l’enregistrement. Enfin, possibilité rarissime (que seul le Panasonic NV-S88 possède actuellement), l’affichage en lecture des paramètres de tournage.
Là encore, la présence d’effets n’a aucun caractère obligatoire, à l’exception du mode Photo (gel d’image en cours d’enregistrement). En revanche, les paramètres de tournage tournage sont toujours consultables ainsi que les informations de type Data Code.
Tout traitement et duplication entraîne une altération qualitative de l’image et du son.
De plus, pour un montage précis, les images doivent être accompagnées d’un time code*. Or, nombre de caméscopes analogiques n’enregistrent pas celui-ci. Seuls certains modèles S-VHS et Hi-8 le proposent. De plus, en 8 mm/Hi-8, l’insertion d’image seule (sans effacement du son) se révèle impossible.
En VHS/S-VHS, l’insertion d’image est permise, mais le doublage son, lorsqu’il est possible, s’effectue sur une piste mono et non stéréophonique. En revanche, sur de nombreux magnétoscopes Hi-Fi il existe une possibilité de boucler le son (réenregistrer une piste audio sur l’autre, libérant la première pour l’inscription d’un nouveau message sonore).
A la copie, on ne constate aucune détérioration image et son. Les multigénérations sont permises (nous sommes allés jusqu’à cinq sans déceler de différence entre copie et original). Mais il faut pour cela utiliser la sortie DV lorsqu’elle existe, sinon on observe une légère perte qui naturellement s’amplifie de génération en génération (de copie en recopie). Dans la perspective d’un futur montage, le format numérique l’emporte haut la main.
D’abord, le time code est enregistré systématiquement. Ensuite, l’insertion d’image ne présente aucune difficulté. Enfin, le son ajouté lors d’un doublage occupe une piste stéréophonique. Cependant, boucler le son, comme en S-VHS, s’est jusqu’ici avéré impossible. A noter également la présence systématique de l’équivalent d’un TBC sur les camescopes DV, qui stabilise l’image en lecture. Enfin, tous les modèles offrent une pause impeccable (très rare sur leurs frères analogiques), le ralenti et souvent, l’avance image par image.
Les couleurs pâlissent avec le temps, moins de cinq ans suffisent pour observer cette altération. On note également des distorsion dues à l’âge.
C’est une étape en attendant le support indestructible à l’épreuve des siècles. Nous sommes encore incapables de prédire combien de temps peut survivre une bande DV sans subir de dommages, ni si cette durée est supérieure à celle des autres bandes magnétiques. Mais l’image ne se dégradera pas comme avec un enregistrement analogique. Junior ne verra jamais ses joues roses ternir, et un bouquet conservera toujours sa splendeur chromatique. L’information transmise et stockée n’est qu’une succession de zéro et de un. De deux choses l’une, soit elle existe soit elle n’existe pas, mais elle ne peut pas subir de modifications. En revanche, avec l’usure et la démagnétisation des supports, certaines « données » risquent de disparaître à jamais. On observera vraisemblablement dans quelques années (20 ans, 10 ans, 5 ans, mystère…) des « trous » sonores et des pixelisations d’images. Un moyen de pallier ces inconvénients : une recopie sur des supports neufs au bout d’un laps de temps. Pourquoi s’en priver, puisque cette opération n’entraînera aucune perte. Cela dit, au moment où cette étape de sauvegarde devra s’effectuer, d’autres systèmes de stockage, plus fiables et plus durables, seront sans doute disponibles (DVD enregistrable, supports informatiques…).
Sony, Panasonic, JVC, et maintenant Sharp cèdent aux sirènes du numérique et parallèlement l’offre DV se diversifie pour répondre aux attentes de tous les publics… fortunés.
Épaulières, archi-mini, appareils de poing classiques, modèles avec écran, il y en a pour tous les goûts. En revanche, côté postproduction, les catalogues ne sont guère plus riches que l’été dernier. On compte en tout et pour tout un unique (et fort coûteux) magnétoscope et toujours aucun titreur, processeur d’effets ou régie de mixage dotés d’entrées/sorties DV (excepté le MPE2000 de GSE qui les acceptera bientôt). En bref, même s’ils tournent en DV, de nombreux vidéastes continueront à monter en analogique. Un analogique en perte de vitesse et dont le principal argument reste un rapport qualité/prix devenu imbattable dans une majorité de cas.
CV 99S
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