Tout comme les projecteurs sonores, la caméra sonore mérite un article à elle toute seule. La caméra cinématographique sonore est toujours au format super 8. Même s’il existe quelques modèles exotiques, aucun ne proposent l’enregistrement du son directement sur la pellicule au moment de la prise de vue. Voyons ici les différentes possibilités.
Nous ne réserverons ici qu’une place très réduite aux systèmes permettant d’inscrire directement une piste sonore optique sur un film, car cette technique, à une exception près, se trouve actuellement encore limitée au domaine professionnel. Bien que prévu dès le départ par Kodak, la bande magnétique qui permettait d’enregistrer le son durant la prise de vue est apparu plus tard dans l’histoire du film super 8.
Pouvez-vous expliquer les avantages respectifs d’un enregistrement optique et d’un enregistrement magnétique ?
Le principe de l’enregistrement magnétique consiste schématiquement, rappelons-le, à faire varier la magnétisation des oxydes de fer ou de chrome qui recouvrent la piste marginale du film, proportionnellement au champ magnétique engendré par les variations des vibrations sonores originales transmises par le micro ou la source de modulation.
La reproduction du son s’effectue par un processus inverse ; en faisant défiler la piste magnétique du film devant une tête de lecture appropriée, à la même vitesse que lors de l’enregistrement, les variations d’intensité de la magnétisation enregistrées sur la piste qui en résultent, produisent un flux magnétique variable donnant naissance à un courant modulé d’intensité proportionnelle. Convenablement amplifié et transmis à un haut-parleur, ce courant modulé reproduit fidèlement le son original.
L’avantage principal et bien connu d’un enregistrement magnétique réside dans la possibilité de lecture immédiate du son.
Il convient de rappeler aussi qu’un enregistrement magnétique peut-être effacé et recommencé à volonté un nombre considérable de fois, sans que soient altérées sensiblement les qualités du support magnétique (bande ou film) utilisé. Il suffit, pour démagnétiser une bande, de la faire passer devant une tête d’effacement, petit électro-aimant dans lequel circule un courant à haute-fréquence.
Mais il faut reconnaître, en même temps, que ce dernier avantage peut se transformer en inconvénient, lorsque la bande ou le film se trouvent accidentellement placés à proximité d’un champ magnétique (aimant de haut-parleur, par exemple). Il en résulte un effacement de l’enregistrement qui peut être lourd de conséquences.
Le même phénomène peut aussi se produire si le dispositif d’enregistrement du projecteur se trouve accidentellement en circuit au moment de la projection.
Enfin, la piste magnétique d’un film peut, dans certaines circonstances, se décoller par endroits, ce qui entraîne des «blancs sonores» désagréables.
Le principe de l’enregistrement optique consiste à impressionner l’émulsion sensible d’un film vierge au moyen d’un faisceau lumineux modulé : une photo cellule est utilisée à cette fin. Cet instrument transforme l’énergie lumineuse en énergie électrique : le courant produit par la photocellule étant exactement proportionnel à l’intensité du flux lumineux incident.
Pratiquement, l’exposition du film se fait à travers une fente étroite dont la largeur varie en fonction du signal sonore à enregistrer. Ce sont les variations des zones denses et transparentes qui en résultent qui se traduisent sur le bord du film, après développement, par une piste optique.
Selon le système utilisé, on obtient soit une piste optique à densité variable (zones fines alternativement claires et foncées), soit une piste optique à densité fixe (courbe sinusoïdale). C’est ce dernier procédé qui est actuellement le plus couramment employé.
Alors qu’à l’enregistrement on a traduit les vibrations sonores sous forme d’une piste enregistrée photographiquement, la lecture sonore doit permettre, à l’inverse, de reproduire des sons audibles à travers la piste.
Les avantages du son optique résident dans sa permanence puisqu’il s’agit d’une image photographique. Il ne peut être effacé ni accidentellement ni volontairement. La copie d’un film à son optique ne présente aucune difficulté puisque la piste optique est une image photographique.
Contrairement au film à piste magnétique, qui peut être enregistré indifféremment à 18 ou 24 images/seconde, le film optique ne peut l’être qu’à 24 images/seconde, cadence de projection normalisée dans le monde entier.
Nous avons gardé pour la fin le système d’enregistrement direct du son qui, par sa simplicité et la variété des équipements disponibles sur le marché, permet véritablement à l’amateur de pratiquer sans problème la prise de son synchrone en toutes circonstances.
Le son synchrone donne ainsi une nouvelle dimension au cinéma d’amateur. Sa pratique. au niveau le plus élémentaire, ne nécessite ni super-zooms à vitesses variables, ni fondus, ni télécommande ou autres accessoires. Il demande, par contre, une caméra susceptible d’être utilisée par un opérateur unique, quelles que soient les circonstances.
Comment peut-on expliquer le fait que les caméras d’amateurs n’aient pas pu bénéficier plus tôt des possibilités d’enregistrement direct du son offertes depuis longtemps aux cinéastes professionnels ?
L’une des raisons les plus pertinentes qui puisse être avancée me paraît être l’encombrement, le poids et la complexité des systèmes professionnels.
La conception d’un système de prise de son direct pour amateur supposait que soient résolus deux problèmes majeures :
C’est à Kodak que revient le mérite d’avoir conçu le premier, en 1974, un ensemble caméra-chargeur Ektasound Super 8 répondant à ces exigences.
Découvrez les différentes fonctionnalités disponibles sur les caméras super 8 sonores. Bien entendu, toutes les caméras ne proposent pas toutes ses fonctionnalités. La seule caractéristique commune est l’enregistrement sur piste sonore magnétique décalé exactement de 18 images.
En quoi un chargeur pour film sonore diffère-t-il d’un chargeur pour film muet ?
La première différence, immédiatement apparente, réside dans l’encombrement du chargeur, plus haut de 1,5 cm dans le cas du chargeur pour film magnétique pré-pisté. En outre, deux fenêtres sont ménagées dans les chargeurs sonores :
La seconde différence porte sur les caractéristiques du film qu’ils contiennent. Il s’agit, en effet. de films sonores comportant deux pistes magnétiques. La piste principale est destinée à l’enregistrement; elle est couchée sur le bord du film, côté opposé aux perforations. La largeur est de 0,70 mm. Une autre piste, plus étroite (0,30 mm), appelée piste d’équilibrage ou de compensation, se trouve sur l’autre bord et assure la bonne régularité de l’enroulement du film. Vous verrez, cependant que cette deuxième piste se trouve utilisée également pour l’enregistrement. sur de nombreux projecteurs.
Par sa conception. le chargeur sonore détermine la mise en œuvre automatique du circuit électronique d’amplification et de régulation de la vitesse de défilement du film au niveau de la tête magnétique d’enregistrement.
Existe-t-il une normalisation mondiale des chargeurs pour films magnétiques pré-pistés ?
Deux types de chargeurs sont actuellement vendus sur le marché mondial. Ils correspondent aux deux systèmes que nous avons décrits à propos des films muets :
L’épaisseur d’un film pisté est-elle plus grande que celle d’un film muet ?
La réponse est différente, selon qu’il s’agit de films pistés après développement ou de films pré-pistés.
Dans le premier cas, le dépôt des pistes provoque une certaine surépaisseur dont il convient de tenir compte dans le choix de la capacité des bobines de projection.
Dans le second cas, l’épaisseur inévitable due au dépôt des pistes magnétiques, se trouve compensée par une diminution de l’épaisseur du support du film : ce qui fait que l’épaisseur totale d’un film pré-pisté est la même que celle d’un film muet.
Un chargeur muet de film Super-8 peut-il être utilisé dans une caméra sonore ?
Sans le moindre inconvénient. Le système d’enregistrement sonore n’est pas mis en œuvre et la caméra fonctionne à la façon d’une caméra muette. Seule la vitesse de défilement du film se trouve légèrement accélérée, passant de 18 à 20 images/seconde, encore que les derniers modèles de caméras aient remédié à ce petit inconvénient.
Certaines caméras muettes acceptent les chargeurs sonores. Quel est l’intérêt de cette formule ?
L’utilisation d’un film pré-pisté dans une caméra muette peut effectivement être intéressant, car il devient alors possible, dès le retour du film du laboratoire de traitement, de procéder à une post-sonorisation : ce qui évite d’envoyer le film à un laboratoire spécialisé pour y faire déposer une piste magnétique.
Les films pré-pistés peuvent-ils être traités dans les mêmes bains de développement que les films muets ?
Assurément. Les laboratoires de recherches ont, en effet, mis au point une couche protectrice spéciale des oxydes magnétiques, remplissant la double condition :
Le possesseur d’une caméra sonore Super 8 dispose-t-il d’une gamme de films en couleurs lui permettant de f1ïmer en toutes circonstances ?
Rappelons tout d’abord qu’il n’existe, à l’heure actuelle, aucun film en couleur, muet ou sonore, susceptible d’être utilisé, sans appoint de lumière, dans les conditions d’éclairage les plus défavorables. Certes, d’importants progrès ont été accomplis, tant dans la rapidité des films eux-mêmes que dans la conception des caméras, type XL, mais on est encore assez loin de pouvoir filmer partout où l’œil perçoit une image.
Cette restriction étant faite, on peut affirmer que les deux films en couleurs vendus par Kodak (et pour le premier type par Agfa et Fuji), répondent à la plupart des situations courantes.
Le collage des films pré-pistés nécessite-t-il des précautions particulières ? Lesquelles ?
La piste magnétique déposée en marge des films pré-pistés doit pouvoir défiler régulièrement, sans le moindre à-coup ni soubresaut, devant la tête de lecture du projecteur sonore. Cela implique, par conséquent, que les collures soient faites de façon telle que la tête magnétique aborde la collure en glissant de la partie haute vers la partie basse. Il est donc indispensable de se soucier du sens de la collure.
Existe-t-il un moyen simple et efficace pour réparer une piste magnétique endommagée ?
La Firme Hahnel commercialise à cet usage, sous le nom de « Sound Liquid », un produit spécial qui, appliqué sur la partie endommagée à l’aide d’un pinceau spécial, se transforme après séchage rapide en piste magnétique. Ainsi se trouve supprimé le bruit désagréable produit à la projection par les défauts physiques de la piste magnétique.
Par quelles astuces les fabricants de caméras sonores magnétiques sont-ils parvenus à surmonter les difficultés liées aux exigences antagonistes des éléments mécaniques et électro-acoustiques indispensables à l’enregistrement synchrone des images et des sons ?
Indépendamment des progrès accomplis dans la miniaturisation des composants électroniques permettant de concevoir un magnétophone d’enregistrement léger et de petites dimensions, il fallait pouvoir faire fonctionner séparément les systèmes d’entraînement du film et du magnétophone, afin de concilier le défilement saccadé du film devant la fenêtre de projection et le mouvement régulier de la piste magnétique devant la tête de lecture.
Il a donc été nécessaire, pour parvenir à ce résultat, de prévoir 2 moteurs distincts : l’un entrainant le film, l’autre à régulation électronique, assurant par l’intermédiaire d’un cabestan, le fonctionnement du mécanisme d’enregistrement sonore.
La plupart des caméras sonores sont prévues pour tourner à 18 images/seconde ; certaines ont 2 vitesses ( 18 et 24 images/seconde). Elles comportent un amplificateur transistorisé à réglage manuel ou automatique du volume sonore, selon les modèles.
Mentionnons aussi que sur de nombreuses caméras, le dispositif d’enregistrement n’entre pas immédiatement en action. Il ne le fait qu’une seconde et demie à deux secondes après le début de la prise de vues, afin de permettre la stabilisation du système de défilement et d’éviter tout effet de «pleurage» lors de l’enregistrement du son.
En dépit d’une certaine complexité interne, les caméras Super 8 sonores demeurent compatibles et légères. Elles possèdent, pour l’essentiel, les avantages et les possibilités des caméras muettes. Presque toutes, à l’instar des Caméras Kodak Ektasound, commercialisées les premières en 1974, sont du type XL : diaphragme à double vanne et obturateur à 230°, autorisant des prises de vues dans de mauvaises conditions d’éclairage.
Ma caméra sonore comporte 2 cadences de prises de vues : 18 et 24 images/seconde. Dans quelles circonstances aurai-je intérêt à filmer à 24 images/seconde ?
Nous supposerons qu’il s’agit de réaliser un enregistrement sonore magnétique. Dans ce cas, plus la vitesse de défilement du film pisté devant la tête d’enregistrement de la caméra sera élevée, plus la gamme des fréquences enregistrées sera grande et, par voie de conséquence, meilleure sera la qualité sonore de vos enregistrements. Vous augmenterez aussi, bien sûr, votre consommation de pellicule ! ( 1 minute de projection de moins sur chaque chargeur de 15 mètres). Il vous appartiendra donc de juger, par des essais préalables, si le gain de qualité sonore est suffisamment appréciable, compte tenu de la nature du sujet ou de la scène à enregistrer.
Les caméras sonores proposées par les divers fabricants sont-elles basées sur des principes identiques ? Sont-elles interchangeables ?
Le principe de base de toutes les caméras sonores, très nombreuses sur le marché, utilisant le chargeur Kodak Ektasound, est absolument identique. Elles peuvent donc, en cas de besoin (films tournés à l’aide de deux caméras, par exemple), se substituer les unes aux autres sans inconvénient.
Elles se différencient cependant quelque peu, sur le plan sonore, par l’existence ou non de dispositif de télé-commande du micro, du contrôle manuel ou automatique de l’enregistrement, d’indicateurs visuels d’enregistrement, d’écouteurs auriculaires du contrôle du son etc.
Par contre, elles diffèrent parfois profondément par certaines de leurs caractéristiques optiques et mécaniques : zooms de rapports plus ou moins importants, gammes de vitesses (18-24 images/seconde), conception XL ou traditionnelle, dispositifs intégré de fondus à l’ouverture et à la fermeture etc.
L’existence, sur certaines caméras, d’un bouton de contrôle manuel de l’intensité sonore est-elle réellement justifiée ?
Il existe des circonstances dans lesquelles l’intervention de l’opérateur sur le niveau de l’enregistrement du son peut se justifier. C’est notamment le cas sur les caméras équipées d’un système de fondu images et sons, grâce auquel on peut réaliser des fondus à l’ouverture en début de séquence ou des fondus à la fermeture en fin de séquence. Seul un contrôle de modulation manuel peut alors permettre d’augmenter ou de diminuer progressivement l’intensité du son au fur et à mesure que s’effectue le fondu images.
Avantage complémentaire, vous pourrez supprimer ou déplacer plus facilement des scènes complètes de votre film, chaque fondu faisant alors office de transition. Vous pourrez aussi augmenter ou diminuer à volonté la puissance du son en fonction des effets recherchés sans être lié par le système de modulation automatique qui, lui, enregistrera sans discernement tous les sons, utiles ou non à l’effet recherché.
A quel phénomène attribuez-vous le léger « pleurage » qui se produit sur mes films sonores, à chaque démarrage de la caméra ?
Le défaut, plus ou moins perceptible selon les modèles de caméras, provient de ce que le moteur de votre caméra n’atteint pas instantanément sa vitesse de 18 ou 24 images/seconde. Certaines marques de caméras possèdent un déclencheur à 2 positions permettant, dans un premier temps, de lancer la caméra à sa vitesse normale puis, dans un deuxième temps, d’entraîner le film dont le passage au niveau de la tête d’enregistrement ne provoque plus ainsi aucune distorsion sonore.
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