Le montage sonore

Nous ne reviendrons pas ici sur l'importance que revêt, pour un amateur averti, les règles de montage de son film, le choix d'une sonorisation appropriée et le matériels pour le Super 8 et le 8mm. Le film sonore n'échappe pas à cette formulation et vos questions, très nombreuses sur cet aspect du cinéma, montrent à l'évidence tout l'intérêt que vous attachez à cette importante opération.

Non seulement, en effet, certains plans défectueux devront être éliminés, mais la succession même des plans devra, dans certains cas, être modifiée pour rétablir la continuité cinématographique, avec la contrainte supplémentaire, par rapport à un film muet, d’un décalage entre l’image et le son correspondant.

Chaque fois que vous aurez arrêté puis redémarré un plan, vous constaterez un « trou sonore », vous aurez parfois, sans le vouloir, coupé la parole à quelqu’un au milieu d’une phrase ; enfin certains enchaînements sonores pourront être défectueux. D’où l’intérêt de bien réfléchir avant de déclencher votre caméra, de faire un essai préalable « à blanc », si elle le permet et, d’une façon plus générale, d’éviter d’enregistrer simultanément plusieurs sons (paroles, bruits divers, ambiances), sous peine de confusion.

Lorsque nous réalisons une numérisation de film super 8, nous capturons en même temps le son qui se trouve sur les deux pistes sonores. La piste principale, la plus large, est celle qui correspond au son durant la prise de vue. La seconde piste, plus fine, peut parfois servir pour réaliser une doublage son en mettant de la musique ou un commentaire par exemple.

Foires aux questions

Pour quelle raison la plupart des caméras Super 8 sonores font-elles apparaitre, à chaque démarrage de plan, un léger décalage entre les premières images et l’enregistrement du son ?

L’enregistrement du son ne commence, en effet, pour des impératifs mécaniques, qu’une seconde et demie à deux secondes après le début de la prise de vues. Ce court délai est nécessaire pour permettre la stabilisation de la vitesse de défilement du film (18 images/seconde) et éviter tout effet de «pleurage», lors de l’enregistrement sonore. C’est ce qu’on appelle un « blanc sonore ».

Nous verrons d’ailleurs que le blanc sonore, s’il répond aussi à des nécessités techniques, présente également des avantages pour le découpage du film. Il ménage, en effet, un espace où coupure et collure pourront être effectuées sans perturber la qualité sonore ni le synchronisme.

Nous vous conseillons, par conséquent, de démarrer votre caméra 1 à 2 secondes avant le début de la scène sonore à enregistrer et de la laisser tourner au moins une seconde après la fin de cette scène.

Ajoutons aussitôt, bien que cela paraisse antinomique qu’on voit apparaître maintenant des caméras assurant la mise en marche préalable du galet d’entrainement du film devant la tête d’enregistrement, supprimant ainsi le « blanc sonore» de début de plan. Cette nouvelle technique paraît surtout avantageuse pour les amateurs qui ne procèdent pas au montage de leurs films et conservent leurs images à l’état brut.

Décalage son-image

Pourquoi existe-t-il sur les caméras sonores un décalage entre le son et l’image correspondante ?

Le film, vous le savez, défile d’une façon intermittente devant la fenêtre de prise de vues ; il doit, par contre, être animé d’un mouvement très régulier devant la tête magnétique, pour permettre un enregistrement correct du son. C’est pourquoi un certain décalage, normalisé par les fabricants de caméras à 18 images entre la fenêtre de prise de vues et la tête magnétique d’enregistrement, a été fixé. Ainsi le son précède-t-il de 18 images la vue qui lui correspond, ce qui aura des conséquences sur le montage du film.

Le même décalage se retrouve, bien entendu, sur la quasi totalité des projecteurs sonores Super 8 à lecture magnétique existant sur le marché. Cette norme officielle a été adoptée par tous les fabricants d’équipement cinématographique Super 8 magnétique du monde entier.

Montage des films sonores pré-pistés

J’ai entendu des opinions contradictoires quant aux possibilités réelles, pour un amateur cinéaste, de réaliser un véritable montage sur un film Super 8 sonore. Que convient-il d’en penser ?

Goko RM3
Visionneuse Goko RM 3 Visionne le film, enregistre le son sur piste avec possibilité de surimpressions multiples et reproduit le son.

Compte tenu du décalage son-image, le problème du montage est d’arriver à modifier l’ordre des images sans que leur synchronisme en soit perturbé. Or, couper quelques images, c’est inévitablement supprimer le son des images suivantes pour une durée équivalente! En effet, chaque fois que l’on coupe et met deux plans bout à bout, une longueur de son égale à 18 images se trouve coupée, tandis qu’une longueur de son égale, elle aussi à 1 8 images, sans rapport avec les images, se trouve ajoutée. Pourtant, quelques précautions permettent de surmonter cette difficulté :

  • Ne pas débuter ou terminer un plan sur un son caractéristique ; c’est-à-dire que si l’on désire filmer par exemple une conversation, il faut mettre la caméra en marche 1 à 2 secondes avant le début du premier mot et ne l’arrêter qu’une à deux secondes après le dernier mot. Ces « images muettes » avant et après chaque plan, seront très utiles au monteur pour faire raccorder les ambiances sonores, sans être obligé de couper le début de la phrase ou du son caractéristique. Faute de cette précaution le film ne pourra pas être monté.
    La pratique montre que ce chevauchement d’une seconde d’ambiances sonores, même différentes, est difficilement perceptible et ne nuit en rien au synchronisme, puisque celui-ci n’est perturbé que pendant une seconde. Notons, à ce propos, que la plupart des caméras sonores assurent automatiquement un « blanc sonore » de 1,5 à 2 secondes environ au début de chaque plan.
  • Toujours couper les 18 dernières images d’un plan, si le plan suivant doit être déplacé car il n’y a pas de son dessus.
    Si la coupe doit s’effectuer avant la fin du plan, prendre simplement la précaution de ne couper qu’après la dernière image correspondant à un son caractéristique (bouche qui se referme, par exemple, sur le dernier mot d’une phrase). Le son ne sera pas coupé puisqu’il se trouve 18 images en avant.
  • Se rappeler que le son de la première image retenue pour le plan suivant, se trouve décalé en avant de 18 images dans le sens normal du défilement. Donc repérer avec précision, à l’aide d’une visionneuse sonore, cette première image (bouche qui s’ouvre, par exemple, sur le premier mot d’une phrase) et effectuer la coupe 18 images au minimum en aval. Ces 1 8 images «muettes». sans son caractéristique correspondant. recevront à la projection le son d’ambiance de la fin du plan précédent.
  • Utiliser une tête de fondu, accessoire fourni avec certaines visionneuses sonores qui permet de résoudre le problème délicat du raccord sonore entre deux séquences.
    Comme son nom l’indique, la tête de fondu réalise un véritable fondu-enchaîné d’un plan à l’autre, évitant la rupture totale de son qui se produisait inévitablement, lors de la mise bout à bout, sans précautions spéciales, de deux plans non enchaînés à la prise de vues.
  • Gardez en mémoire que, dans la plupart des cas. c’est le son qui détermine le début et la fin d’une scène. De cette façon, vous pouvez couper la scène au début, à l’endroit précis où commence l’événement sonore, puis pratiquer une nouvelle coupe 18 images après le dernier son significatif de la scène enregistrée.

En résumé, rappelez-vous qu’un plan sonore commence au début du son et s’achève en fin d’image ou, ce qui revient au même, le début d’un plan se repère au son, sa fin se repère à l’image.

Ainsi, moyennant certaines précautions pourrez-vous réaliser vous-même, sans grands problèmes, le montage de vos films sonores pré-pistés.

Visionneuses sonores

Quels sont les principaux critères de choix à prendre en considération, préalablement à l’achat d’une visionneuse sonore ?

Hähnel 160 SUne visionneuse sonore se différencie essentiellement d’une visionneuse pour films muets par l’existence d’un bloc sonore lecteur de piste magnétique positionné de telle manière qu’il y ait un intervalle correspondant à 18 images précises entre la tête de lecture et l’image correspondante.

L’audition du son se fait par l’intermédiaire d’un petit écouteur auriculaire ou d’un haut-parleur incorporé dont le volume se règle par l’intermédiaire d’un potentiomètre. Quelques accessoires très utiles, adaptables sur le support à griffe des visionneuses, sont proposés en option sur de nombreux modèles : compteur d’images, nettoyeur de films (composé de tampons humidifiés pour enlever les déchets), moteur électrique permettant l’entraînement à vitesse variable du film, en marche avant et arrière.

Certains modèles possèdent des caractéristiques originales : couloir en V assurant le parfait guidage du film, poinçon de marquage, tête de fondu pour résoudre le délicat problème du raccord sonore entre deux séquences, prisme pour supprimer le scintillement, grand écran (160 mm) et grossissement de l’image, amplification et haut-parleur incorporé.

Adaptation visionneuse muette en sonore

Je possède une excellente visionneuse muette. Est-il possible de lui adapter les accessoires indispensables à sa transformation en visionneuse sonore ?

Plusieurs marques, dont « Prestinox », livrent des modèles adaptables auxquels l’adjonction d’un bloc de lecture sonore, décalé de 18 images par rapport à la fenêtre optique, confèrent les caractéristiques requises pour le montage des films sonores à piste magnétique.

Transfert bande lisse bande perforée

J’ai entendu parler d’une technique de montage par transfert de bande, inspirée des techniques professionnelles. Quel en est le principe ?

C’est en partant de la constatation selon laquelle deux bandes séparées (film et son), enregistrées en synchronisme, grâce à une série de tops sonores, n’avaient pas exactement la même longueur, que vint l’idée, pour les besoins du montage, de procéder au transfert de la bande lisse du magnétophone sur une bande magnétique perforée au même pas que le Super 8 : d’où la dénomination« transfert de bande» couramment employée.

De cette façon les bandes images (film) et son ayant exactement la même longueur, toute modification apportée dans la bande image trouve sa contrepartie dans la bande son ; ainsi la suppression d’un plan images entraîne-t-elle la suppression du plan son correspondant, de même longueur, sans modifier le synchronisme des autres éléments, à condition d’avoir pris la précaution initiale d’établir un synchronisme de départ rigoureux.

L’opération de transfert se fait généralement dans un laboratoire spécialisé, à partir de la bande magnétique comportant les tops de synchronisation et appelée « bande pilote ».

Repiquage du son sur film pisté

De quel équipement faut-il disposer pour effectuer le montage de deux bandes images et son parfaitement synchronisées, puis le report du son synchrone sur la piste marginale du film ?

Vous disposez, à ce stade, de deux bandes perforées au pas Super 8, parfaitement synchrones, dans lesquelles vous vous proposez d’effectuer quelques changements ou suppressions de plans. Il vous faut donc un équipement spécial permettant d’entrainer ces deux bandes en synchronisme. en marche avant ou arrière afin d’identifier les plans son et images à modifier. Cet équipement porte le nom de« Table de montage ». Il ne s’agit. en réalité, que d’une visionneuse sonore, équipée d’une synchroniseuse à tambours dentés.

Le repérage du son se fait par l’intermédiaire d’un petit haut-parleur en entrainant la bande au moyen d’une petite manivelle. Un repère (croix ou autres repères au crayon gras) effectués à hauteur de la tête de lecture, vous permet une coupure franche, face à l’image correspondante, sans modifier le synchronisme des deux bandes. Lorsque le montage est terminé, il ne vous reste plus qu’à procéder au «repiquage», c est-à-dire au report du son sur la piste marginale de votre film. Certaines tables de montage permettent d’effectuer cette opération. A défaut, la meilleure formule consiste à confier ce report à un laboratoire spécialisé.

Toutes ces opérations peuvent vous paraitre assez complexes. Elles exigent, en tout cas, un matériel spécial. parfois assez onéreux, et ne figurent dans cet ouvrage qu’à titre d’information pour certains amateurs très avertis ou semi-professionnels du cinéma.

Enregistrement sur visionneuse sonore

J’ai entendu évoquer la possibilité, à défaut de projecteur sonore, d’enregistrer des éléments sonores sur la piste sonore d’un film Super 8 au moyen d’une visionneuse sonore. Quelles en sont les possibilités et caractéristiques ?

La Firme Goko vient effectivement de sortir une véritable visionneuse sonore permettant non seulement de lire la piste magnétique déposée sur le film. mais aussi d’enregistrer directement sur cette piste des raccords sonores, de réaliser des surimpressions, des fondus sonores etc …

Montage avec projecteur sonore

Est-il possible, à défaut de visionneuse sonore, d’utiliser un projecteur sonore pour monter un film tourné en son direct ?

La plupart des projecteurs sonores récents, dotés de la marche arrière, permettent non seulement de «nettoyer» un film, c’est-à-dire de supprimer les plans flous ou inutiles ou les sons défectueux. mais aussi de réaliser un véritable montage sonore.

La meilleure méthode consiste à projeter votre film brut plusieurs fois afin d’en mémoriser les passages essentiels et de noter soigneusement sur le papier l’ordre des séquences et la liste des plans à éliminer. Vous procédez ensuite de la même manière qu’avec une visionneuse sonore, à cette différence importante près que le repérage précis du son à couper sera plus délicat et pourra nécessiter plusieurs manœuvres successives avant de parvenir à un résultat satisfaisant. L’emploi d’un crayon gras, pour repérer dans la fenêtre du projecteur l’image correspondant à un son déterminé, vous facilitera largement la tâche. Mais ne coupez surtout pas votre film avant d’avoir bien vérifié une dernière fois l’exactitude de vos repères, car il ne vous sera plus possible de réparer vos erreurs.

Ajoutons que certains projecteurs sonores permettent, en outre, de remplacer à volonté une séquence sonore enregistrée en direct par votre caméra, par le son de votre choix, synchronisé à l’image près. De même, les fameux « blancs sonores» peuvent être comblés à volonté, sans le moindre risque d’endommager le son direct.

Incorporations d’éléments sonores

Est-il possible d’ajouter des éléments sonores (commentaires, bruitages, etc.) à un film enregistré avec une caméra à son direct ?

Certains projecteurs récents (Agfa Sonector LS, Eumig Sonomatic. Noris STS, etc.) sont équipés de dispositifs permettant de corriger certains passages sonores défectueux ou de combler des« blancs sonores» résiduels.

Les dispositifs mis en oeuvre vont de la tête magnétique supplémentaire, située en avant de la fenêtre de projection (système Agfa), qui détecte la période de silence et déclenche l’enregistrement automatique d’une ambiance musicale, préalablement repérée sur un magnétophone, au dispositif de programmation automatique couplé avec un compteur (système Eumig), en passant par le dispositif S.T.S. (Sound Trick Set) utilisé par Noris.

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