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La section caméra

D’abord magnétoscope sur lequel on a greffé une caméra vidéo, l’origine du caméscope provient de la volonté de combiner et miniaturiser les deux concepts en un seul appareil. Caméra plus magnétoscope, cela fait caméscope. Voyons tout d’abord comment est conçue la section caméra d’un camescope.

Vue d’un peu loin, la partie caméra, c’est d’abord un objectif. Pour être précis et courtois : un objectif du genre zoom. Pour être précis, courtois et « guidactique » : un zoom, donc un objectif dont on peut faire varier la focale, et ce, de façon continue.

Bon. Il est possible que vous ne soyez pas d’humeur à vous contenter de cette définition, c’est la raison pour laquelle nous allons revenir plus en détail sur ce concept d’ici quelques lignes. Mais, auparavant, comme il serait indécent de laisser stagner l’image ainsi captée par l’objectif dans cet univers vitreux, il convient de l’aider à poursuivre son parcours rapide et de lui indiquer par quel chemin elle se doit de passer pour se métamorphoser en choses électriques réputées si élémentaires, que le moindre magnétoscope saura enregistrer.

Passant donc à travers quelques couches de gros verre plus ou moins bombant, puis après avoir été tempérée dans ses éclats par un diaphragme, l’image vient se plaquer sur une surface aussi rectangulaire que photosensible. Constituée d’une myriade de cellules élémentaires, myriade voulant dire ici plusieurs centaines de milliers, cette cible analyse l’image à l’aide d’une trame et la transforme en une série de points ayant, chacun, à la fois une valeur chromatique et un poids correspondant à l’intensité de l’impression perçue. Ce sont ces mêmes signaux qui seront ensuite transmis au viseur électronique, minuscule moniteur vidéo, et à la grosse bestiole virevoltante qui attend nos souvenirs en rongeant son vermicelle magnétique : l’enregistreur.

L’objectif

Le camescope que vous rencontrez le plus souvent est équipé d’un objectif fixé une fois pour toutes par le constructeur sur le corps de la machine. Les plus optimistes et certains vendeurs vous feront remarquer qu’une telle pratique a pour bénéfique effet de vous épargner bien des hésitations ultérieures sur le choix d’une focale. Si vous ne semblez pas définitivement convaincus par cette affirmation, signalez-le d’une moue dubitative et ils renchériront dans l’instant – parfois la moue n’est même pas nécessaire, essayez – en vous faisant remarquer que, dans l’immense majorité des cas, le caméscope est équipé d’un zoom dont la particularité est de remplacer tous les objectifs et même les autres. A l’instant de vous décider, nous verrons que la sagesse exige un peu plus de méfiance.

Partant donc du postulat affirmant qu’après l’achat d’un camescope, vous n’avez pas le choix de l’objectif, il est judicieux d’apprécier cette section du camescope en lui associant systématiquement, non seulement ses commandes traditionnelles, mais également des automatismes spécifiques et la cible finale qui analyse l’image.

Par analogie avec la photo, si la pellicule est déjà à demeure dans l’appareil, il convient alors de juger de la commodité et des performances de l’ensemble.

Étant le plus important des maillons d’une chaîne allant de la vie à son spectacle, votre réussite en ce domaine dépend essentiellement des qualités de l’objectif. Ceci est un trait commun à tous les matériels de prises de vues. Techniquement, l’objectif d’un camescope se caractérise par sa gamme de focales, sa sensibilité et son ouverture.

La gamme de focales

Zoom Caméscope
Même si la tendance est de proposer des rapports importants, un zoom ayant un rapport de 6 ou 8 constitue un excellent compromis

C’est l’efficacité du zoom et sa faculté à vous proposer une gamme plus ou moins étendue de possibilités de cadrages pour un même sujet. Dans les notices de spécifications, elle se caractérise par deux nombres. Le plus petit correspond à l’angle de prise de vues le plus important : c’est le «grand angle» des appareils photos, celui qui vous permet d’embrasser tout un paysage ou un groupe d’une seule prise de vues. L’autre, le plus grand, indique la focale extrémiste vous permettant de saisir le détail convoité, de rapprocher au maximum un objet visuel. C’est la performance en «téléobjectif», c’est la position où l’angle de prise de vues est le plus petit.

En divisant le chiffre le plus grand par l’autre, nous obtenons le rapport d’agrandissement du zoom. C’est une caractéristique et pas nécessairement une performance. La valeur la plus souvent rencontrée est de 6, ce qui, à condition que les valeurs extrêmes soient bien choisies, correspond aux cas d’utilisations les plus fréquents. Si, techniquement, peu de choses s’opposent à la réalisation de zooms ayant des rapports d’agrandissement plus importants, il faut garder à l’esprit qu’à l’augmentation du rapport correspond aussi celle des difficultés de prises de vues. Un téléobjectif trop copieux rend la prise de vues quasi impossible avec un camescope à l’épaule. L’angle de champ devient si petit, quelques degrés, qu’il faut des nerfs solides et un pied robuste pour saisir le fameux détail qui disparaît au moindre «bougé».

A l’inverse, un trop grand angle conduit à des déformations marginales de l’image qui le rendent difficilement utilisable. Dans ce cas d’utilisation, mieux vaut décrire la scène que l’on désire traduire dans toute sa dimension, en effectuant un petit panoramique. C’est ça aussi l’avantage de l’image animée sur celle qui ne l’est pas. Néanmoins, à l’instant du choix, nous nous montrerons particulièrement attentifs vis-à-vis de cette caractéristique qui conditionne grandement les possibilités d’utilisation du camescope et participe pour beaucoup à son confort d’utilisation.

En fin de parcours, la touche macro

Chaque constructeur imagine que vous avez une passion pour les toutes petites choses et que l’idée de les mettre sur cassette vous séduit plus que tout. C’est la raison pour laquelle vous trouvez, en fin de course de la commande du zoom, une butée, puis une minuscule petite plage de réglage vous permettant d’adapter votre objectif à ces prises de vues où le sujet n’est qu’à quelques centimètres de l’objectif. Il semblerait que cette touche de sophistication ne soit, le plus souvent, utile qu’avant l’achat. A vous de déterminer si cette focale ultra-courte vous est nécessaire.

La sensibilité

C’est l’aptitude du système de prise de vues, objectif et capteur, à saisir correctement une image dans un faible éclairage. Son unité de mesure est le Lux. Plus le chiffre est petit, plus la sensibilité est importante. Avec une sensibilité de 10 Lux, il devient possible d’enregistrer à l’intérieur d’un appartement sans autre éclairage que celui existant, ou de réaliser des séquences aux heures extrêmes de la journée.

En ce domaine, les caméscopes sont aptes à des performances ayant de quoi étonner les cinéastes et parfois même les photographes. L’amateur le moins éclairé opère dans des conditions qui feraient frémir d’envie les besogneux de la pellicule. Il ne faudrait pas pour autant confondre prouesse maximale et esthétique, car dans les possibilités extrêmes, l’équilibre des couleurs n’est plus, exactement ce qu’il devrait être.

Enfin, et pour pondérer cette caractéristique, il faut savoir que le plus souvent le tournage s’effectue dans des conditions de luminosité n’exigeant pas de performances exceptionnelles. Hormis si votre camescope est exclusivement dédié à la plongée sous-marine, à la spéléologie ou à l’observation des chauves-souris, considérez donc ces valeurs davantage comme des caractéristiques que comme des critères de choix primordiaux.

Le diaphragme

Il peut arriver que vous ayez à enregistrer des scènes fortement éclairées, trop fortement éclairées. Dans ce cas, certains caméscopes disposent d’un réglage additionnel et manuel du diaphragme. Ce réglage vient alors en complément de celui, interne et automatique, qui ajuste à chaque instant la quantité de lumière à analyser afin de ne pas saturer la cible, le capteur électronique, objet de toutes les attentions.

La définition

C’est lui, le capteur, qui, en analysant l’image par l’intermédiaire de ses multiples éléments photosensibles, va engendrer une image de plus ou moins grande qualité, une image ayant le sens du détail. Plus le nombre de points d’analyse, qui se font aussi nommer les pixels, est important, plus l’image vidéo a des chances d’être bien définie, d’avoir du «piqué».

En ce domaine, des progrès décisifs sont accomplis avec chaque nouvelle génération de matériels. S’il y a tout juste deux années 200 000 pixels faisaient la norme, il n’est plus rare aujourd’hui de rencontrer des caméscopes nantis d’une définition dépassant les 400 000 pixels. L’image restituée n’en est que plus belle, son grain devient d’une étonnante finesse et ses couleurs gagnent encore en densité.

Il faut savoir qu’en atteignant ce niveau de précision, le pouvoir d’analyse du camescope dépasse alors largement celui des téléviseurs et autres moniteurs conventionnels dont nous nous servons pour le contrôle et le regard finals. C’est la raison pour laquelle la génération des caméscopes S VHS-C et autres « High Band» 8 mm montrent le meilleur d’eux : mêmes lorsque l’on utilise des moniteurs adaptes, à grande définition. Évidemment, le budget dédié aux images en boîte s’en trouve augmenté mais la jubilation est en justes proportions.

Petite mise au point autour de l’autofocus

La quasi-totalité des caméscopes actuellement sur le marché possèdent un système de réglage automatique de la netteté. En fonction de l’appréciation de la distance séparant l’objectif de votre camescope d’un point arbitrairement pris au centre de votre cadre de visée, la mise au point se fait d’elle-même, rapidement, précisément. Un miracle ! L’utilisateur est assuré de toujours avoir une image nette et ce malgré les mouvements plus ou moins contrôlés du camescope ou les variations de focale, appelées aussi coups de zoom.

Si cet automatisme rend d’indéniables services et permet de se consacrer essentiellement à la prise de vues, il n’empêche que l’amateur exigeant apprendra à se servir avec modération de cette simplification qui ne résout pas tous les cas de figures. Lorsqu’il s’agit de mettre en valeur un élément qui se trouve non pas au centre du cadre de visée mais près d’un bord ou s’il s’agit de créer un effet en laissant un premier plan flou au bénéfice d’un plan plus lointain, le réglage systématique ne peut le savoir, et dès lors, il devient indispensable de pouvoir débrayer l’automatisme de la mise au point. C’est généralement chose possible avec bon nombre de caméscopes.

Ces blancs qui balancent

Balance des blancs
Avant chaque tournage, et même d’une séquence à l’autre, l’étalonnage de l’équilibre chromatique est indispensable. Il suffit d’un coup de pouce sur la touche «balance des blancs”.

Jusqu’à présent, dans notre tour d’horizon des choses de la technique, le photographe que vous êtes surement ou le cinéaste que vous fûtes peut-être se trouvaient en terrains familiers. Chacun des réglages évoqués et toutes ces caractéristiques faisaient et font toujours partie de l’incontournable panoplie de l’amateur d’images captées. Arrive pourtant et vient enfin un réglage typique pour la vidéo : la balance des blancs. Sous cette terminologie équivoque, où la poésie ne saurait poindre, se dissimule un ajustement subtil et qui influe sensiblement sur la beauté des choses que vous enregistrez.

Si, en place du mot balance, nous lui préférons son synonyme «d’équilibre» et si aux blancs nous substituons les couleurs, l’expression devient plus compréhensible. Ce réglage a effectivement pour but d’ajuster l’équilibre des couleurs traduites en fonction de l’éclairage ambiant.

Nous percevons la couleur de chaque chose en fonction du type de lumière qui l’éclaire. En plein air, par exemple, la couleur d’une feuille de cahier réputée blanche prendra des nuances bleutées dans la matinée et se fera plutôt cuivrée en fin de journée lorsque le soleil baisse sur l’horizon et embrase le paysage. Culturellement, nous corrigeons une partie de ces phénomènes et, malgré l’évidence de la page rougeaude, nous continuerons à la traiter de blanche, puisqu’elle a la réputation de l’être. Le camescope ne souscrit pas à ces vues dites de l’esprit et, s’il voit un chat bleu, il nous le montrera comme tel.

Pas vraiment subtile comme machine. Afin de retrouver un équilibre chromatique qui nous semble naturel, il convient d’étalonner le camescope avant chaque prise de vues, et ce en fonction de la lumière du lieu. Automatisée, cette opération s’effectue de la façon la plus simple et l’utilisateur que vous êtes ne se rendra même pas compte du réglage. Le problème, car il y en a un, est que cette procédure toute systématique ne donne que des résultats moyens et parfois décevants. C’est la raison pour laquelle nous lui préférons une méthode semi-automatique qui, elle, fournit à coup sûr d’excellents résultats. Pour ce faire, il suffit de diriger l’objectif du camescope vers une surface ou un objet réputés blancs. Le système d’analyse du camescope s’ajuste alors de lui-même pour soustraire une éventuelle dominante colorée et vous rendre blanc à la lecture ce qui ne l’est pas vraiment à la capture.

Si, par exemple, ce que nous lui présentons comme objet typiquement blanc est particulièrement chargé en rouge, le système d’analyse du camescope va compenser ce phénomène en diminuant d’autant la proportion de rouge dans tout ce qu’il va avoir à capter ensuite.

Afin de faciliter la tâche, il est également possible de présélectionner un certain équilibre des couleurs à l’aide du sélecteur « lumière du jour » (soleil), « lumière artificielle» (ampoule). Cette présélection ne saurait vous dispenser pour autant de la petite opération de « balance des blancs » avant chaque enregistrement. En pratique, cette opération doit être souvent répétée pour trouver sa pleine efficacité. La parfaite maîtrise de la lumière et la qualité des ambiances sont à ce prix.

Arrêtez de bouger : l’obturateur à vitesse variable

Parmi tous les modèles qui nous sont proposés, certains se signalent aussi par leur vitesse d’obturation variable. Pour la majorité des cas, la vitesse de base est de 1/50e de seconde et c’est bien, mais il peut arriver que vous souhaitiez immobiliser un mouvement des plus rapides, comme celui du rebond de la balle de tennis ou celui de la goutte d’eau qui s’écrase. Dans ces cas précis et pour quelques autres, les constructeurs proposent des vitesses d’obturation plus rapides – certains pouvant aller jusqu’au 1/8000e – et, raffinement suprême, le choix entre les diverses possibilités. C’est encore mieux que bien, mais à condition d’en avoir effectivement l’usage.

Visez juste

Hormis pour quelques matériels aux formes particulièrement ramassées et qui cultivent le sens de l’économie à tout prix, l’immense majorité des caméscopes est dotée d’un viseur électronique. Dans cette électronique trou de serrure, la vie s’anime actuellement en noir et blanc. Petit à petit, les viseurs en couleurs se propagent et font appel à de minuscules écrans à cristaux plus ou moins liquides. Mais pour l’heure, nous mettons notre œil à la porte d’un écran de téléviseur en miniature. C’est amplement suffisant pour voir nos erreurs les plus importantes et suivre l’action dans son ensemble. Au chapitre de la pratique, nous verrons qu’il ne faut tout de même pas se fier sans discernement à ce que l’on croit voir en de tels endroits.

Maintenant que chaque terme appartenant à la partie caméra correspond à une commande et que tous les réglages essentiels évoquent autant de possibilités, il n’est que temps d’aller examiner ce qui se passe du côté de la section magnétoscope. Auparavant, les plus curieux et ceux qui aiment à entrer le plus avant possible dans l’intimité des choses peuvent lire le paragraphe ci-dessous, il relate par le menu les choses de la technique. Pour les autres, rendez-vous plus loin.

Pour en savoir plus : l’analyse de l’image

Entre l’instant où l’image pénètre dans l’objectif et celui où la tête du magnétoscope magnétise le ruban en cassette, s’opèrent une suite de transformations identiques pour tous les caméscopes de la création et, par extension, quasi semblables dans le principe, pour chaque chose se réclamant de l’image cathodique.

Cette expression d’image dite «cathodique» pour désigner les choses de la télévision et de la vidéo s’explique très simplement. Jusqu’à un temps très récent, ces merveilleuses images sans support se formaient à l’aide d’un tube électronique doté d’une électrode excitant des électrons en les chauffant à l’aide d’une… cathode, la restitution de ces images électriques se faisant sur un tube électroniquement animé des mêmes sentiments.

Formation d'une image vidéo
Au premier balayage, les lignes paires sont parcourues ; au second, les impaires.

Si la grande majorité des tubes de récepteurs et autres moniteurs de vidéo restent fidèles à ce principe, il n’en est plus de même pour le système d’analyse du camescope. Celui-ci fait aujourd’hui appel à une cible usant de semi-conducteurs, des photodiodes, à la fois plus petits, moins fragiles, de meilleure qualité et infiniment moins gourmands en énergie que leurs devanciers. Ces cibles peuvent se faire appeler CCD ou MOS, en fonction de quelques détails de fonctionnement différents. Dans les deux cas, il s’agit d’une petite plaque rectangulaire, dans un rapport de 4/3, tapissée de plusieurs centaines de milliers de photodiodes – selon la génération de matériel – et qui s’ordonnent en un réseau de points ayant des allures de nid d’abeilles célibataires. Chacun de ces pixels, dont la taille est de l’ordre d’une dizaine de microns, réagit selon la quantité de l’éclairement qui lui est proposé. «Interrogé» régulièrement et toujours dans le même ordre, évidemment, sur ses états d’âme, il transmet son information unitaire au système de traitement des signaux qui gère les informations. Seulement apte à détecter la présence d’une source lumineuse et à en évaluer la quantité, le pixel est tout petit et ne connaît pas ses couleurs. Il n’a aucun sens de la qualité du message. Pour contourner cette difficulté, il suffit de tamiser adroitement la lumière qui lui est proposée à l’aide d’un filtre qui sélectionne l’une des trois couleurs fondamentales. En vidéo, ces trois couleurs de base qui permettent de reconstituer toutes les autres, sont le rouge, le vert et le bleu. Disposé devant la cible aux cent mille pixels, ce filtre aux allures de vitrail pour miniaturiste fou sélectionne les couleurs et chaque pixel, tapi dans son ombre propice, ne réagit plus alors qu’en fonction de l’une des trois couleurs fondamentales qui l’excite. Afin de retrouver le même équilibre chromatique qui nous fera affirmer que les couleurs sont naturelles, le filtre trinitaire comporte deux fois plus de vert que de rouge, le reste étant la part du bleu.

Il est à noter que cette technique de masque est spécifique aux caméscopes destinés au public que l’on dit grand. Les caméscopes professionnels et autres caméras de production optent quant à eux pour une technique différente autant que dispendieuse, où chaque couleur fondamentale possède son filtre et sa cible. Ce sont des caméras tritubes, plus encombrantes, mais qui autorisent une analyse de l’image encore plus fine et ce avec une incomparable souplesse de dosage de l’équilibre des couleurs.

Il ne faudrait pas pour autant considérer cette différence comme un frein à vos ambitions. Bien des reportages et de nombreuses productions franchissant le seuil des télévisions nationales sont réalisées avec des camescopes mono-cible. De plus, avec la commercialisation de modèles à haute définition, il est probable que cette proportion augmentera encore, la qualité intrinsèque de l’image étant le plus souvent de même facture que celle de matériels «lourds».

Nous voilà donc en possession de milliers d’informations élémentaires qui nous affirment que ce qui est entré par le gros bout de la lorgnette objectif est plein de couleurs et d’impressions lumineuses. Ce n’est pas suffisant pour affirmer qu’une image se formera à l’autre bout de la chaîne. Toutes ces choses doivent être mises en ordre et c’est ce à quoi les circuits électroniques associés à la cible vont s’employer. Mais avant d’aller voir de près la façon dont ils s’y prennent, revenons à des choses de la vie et, plus précisément, à celles de notre vue.

Depuis que le monde de l’image animée existe, nous savons empiriquement qu’il est possible de créer l’illusion du mouvement avec des plans fixes instantanés se succédant à une certaine cadence. La persistance rétinienne fait le reste et notre cerveau n’y voit que du feu. S’il est vrai qu’à partir d’une quinzaine d’images par seconde l’illusion fonctionne, il est tout aussi exact qu’après quelques minutes de ce traitement nous avons la grosse envie de regarder ailleurs et trouvons un charme sans égal aux papillons épinglés qui, eux, ne nous croisent pas les yeux. Afin de s’épargner ces désagréments, le cinéma a opté pour une cadence de 24 images et la télévision, branche tutélaire de la vidéo, pour celle de 25 images par seconde.

Fonctionnant selon cet impératif, le système d’analyse du camescope se doit donc de nous fournir à l’identique toutes ces images à chaque seconde, mais selon un mode qui n’a plus rien à voir avec celui du cinéma. Dans le cas présent, il ne s’agit plus de collectionner des images finies mais de proposer à l’œil une écriture de l’image virtuelle sous la forme d’un point lumineux balayant l’écran et dont l’empreinte subsiste suffisamment longtemps pour nous laisser l’impression globale d’une image.

Pour des raisons de confort visuel, cette image est en fait rafraîchie tous les l/50e de seconde, mais selon une technique de formation particulière qui, au lieu de faire balayer l’écran dans son intégralité à chaque fois, le fait parcourir en sautant une ligne sur deux. Au premier balayage, où toutes les lignes paires sont parcourues, succède un second où ce sont celles impaires qui bénéficient des nouvelles impressions. Et ainsi de suite. C’est la technique dite du « balayage entrelacé» (là, le poète a bien frappé). Le principe est nettement plus simple à décrire qu’à réaliser et la masse d’informations- nécessaires pour qu’apparaisse une simple image est sans commune mesure avec celles, pourtant impressionnantes, engendrées par la restitution du son.

Sachant qu’un écran vidéo est divisé en 625 lignes (en pratique, 600 sont utilisées), que chacune de ces lignes comporte quelque 800 impacts de points – la largeur de l’écran fait les 4/3 de sa hauteur – et que l’image se régénère 25 fois par seconde, il faudra donc 12 millions de points pour assurer une image d’une seconde. Traduit électroniquement, cela correspond à une bande de fréquences de 6 mégahertz. Nous sommes loin des quelque 20 kHz qui font le bonheur d’une chaîne haute fidélité. Cette distinction d’importance entraîne une conception différente, autrement plus complexe de la machine à enregistrer l’image par rapport à celle à thésauriser les sons. Le magnétoscope est véritablement l’enfant le plus futé de son magnétophone d’ancêtre.

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