l'artisan de vos souvenirs
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Canon XL2

Qu’elle est belle, la Canon XL2. Sous des dehors plus qu’aguichants, on trouve une caméra qui porte la lignée « XL » vers une maturité absolue. Mais, arrive-t-elle à dépasser les camescopes DV et mini DV de la catégorie comme la Sony DSR-PD170, référence historique ou la Panasonic AG-DVX100A ? Une chose est sûre, son prix, 6000 euros, est à la mesure des images produites, mais le camescope conserve encore quelques limites qui nuancent un bilan excellent, totalement à contre-courant des tendances actuelles.

Canon XL2

Si vos cassettes vidéos dorment au fond d’un carton, il est temps de nous confier vos cassettes pour une numérisation mini DV car celles ci peuvent se dégrader assez vite. En nous confiant vos souvenirs vous pourrez les regarder sur votre téléviseur, votre ordinateur et les partager avec vos proches.

La plus sexy des caméras DV

La gamme semi-pro de Canon a toujours fait figure d’ovni face à l’offre assez limitée de la concurrence dans ce créneau. Alors que tout le monde proposait des appareils de poing compacts, le constructeur choisissait de mettre en avant une qualité essentielle, jusque-là réservée aux modèles professionnels : la possibilité de changer l’optique sur un camescope DV transformable en épaulière. Alors que tout le monde cachait ses produits derrière des coques noires ou brunes, Canon choisissait un rouge et un blanc dignes d’engins de l’espace. Cette audace a payé : de nombreuses structures ont acheté des XL1. Par la suite, l’évolution, baptisée XL1s a déçu. Elle proposait très peu d’innovations par rapport au prédécesseur et surtout, le défaut majeur n’était pas corrigé : la gamme XL souffre d’un manque de sensibilité chronique en basse lumière, très gênant en utilisation pro. C’est pourquoi Sony a trusté le marché avec ses PD150/170 dont la qualité essentielle est une sensibilité exceptionnelle.

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Pari risqué

Et puis, nous voilà face à un nouveau coup de poker. Alors que la tendance actuelle consiste à préparer avec enthousiasme l’ère de la haute définition, la XL2 s’en moque éperdument pour se concentrer sur le DV et rien que le DV. Un format porté à son paroxysme en termes d’ergonomie, de fonctionnalités et de qualité d’image. La philosophie du constructeur peut se résumer ainsi : proposer une machine professionnelle, avec toutes les caractéristiques adéquates, à un prix largement inférieur aux autres modèles à optiques interchangeables. Un pari risqué, mais non dénué de sens puisque la cible, c’est-à-dire les pros de l’institutionnel, ne privilégie pas encore le HDV, faute de moyens de diffusion auprès de ses clients à moyen terme. Cependant, ce tarif se situant largement au-dessus des prix de la concurrence (Sony PD170 ou même HDR-FX1, Panasonic AG-DVX100A), la XL2 doit effectuer un sans faute en termes d’image, d’ergonomie et même de créativité pour espérer manger des parts de marché. Et ce n’est pas tout à fait le cas.

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Ce qui change par rapport à la XL1s

Si l’aspect global de la XL2 ne change pas réellement, les innovations, tant ergonomiques que techniques, sont nombreuses par rapport à la XL1s. Voici recensées les principales nouveautés.

  • Le capteur entièrement neuf qui offre un vrai mode 16/9 progressif et plus de 460000 pixels utiles contre 350000 pour la XL1s. On « capte » une image pleine de 960 × 576 pixels
  • Le mode 25p justement, pour le tournage de fictions et autres productions créatives
  • Le viseur-écran LCD haute résolution (200 kp)
  • L’objectif x20 et son nouveau système de stabilisation optique (OIS) allié à une fonction de stabilisation numérique très performante
  • Une foule de réglages « cinéma » pour l’image (contrôle des noirs, knee, V detail…)
  • La connectique XLR x2 et l’alimentation Phantom afférente, en plus du micro d’ambiance
  • La semelle d’épaule
  • 7 modes de prises de vues
  • 2 touches User

Lacunes comblées

Il faut être honnête, le déballage de cette XL2 est excitant à plusieurs titres. C’est un bel objet, que l’on assemble comme du matériel pro. On emmanche la baïonnette de l’objectif, on fixe l’ensemble visée, micro et nous voilà prêts à partir en tournage. La première évolution concrète, concerne la présence en standard de la semelle, grâce à quoi la XL2 est une épaulière à part entière. D’aucun diront que la conception de cette caméra provoque un déséquilibre vers l’avant. C’est exact, mais peu gênant : la position de tournage amène le coude à reposer sur le torse, évitant ainsi la fatigue excessive. Seul bémol : la « marche » du cadreur est un peu moins stable qu’avec une caméra équilibrée ne reposant que sur l’épaule. L’autre point important concerne les deux éléments qui faisaient cruellement défaut aux modèles antérieurs : la connectique XLR était en option et on ne trouvait pas de viseur LCD. Ces deux bévues sont diversement corrigées. Bravo pour les deux prises XLR situées à l’arrière (la câblerie tombe donc dans le dos et ne gêne pas les mouvements de cadre). En revanche, le système adopté pour l’affichage LCD est discutable. En fait, et c’est une première, l’œilleton du viseur bascule à 180° pour laisser apparaître l’écran. Le système d’affichage est donc unique. Il s’oriente de haut en bas pour pouvoir tenir la caméra au-dessus d’une foule par exemple. Après la surprise et un mauvais a priori, on s’y fait. Mais la vraie critique concerne sa taille ridicule : 2 pouces. Impossible de prendre de la distance pour distinguer ce que l’on filme. Dommage. Cependant, cet écran a l’avantage d’être précis et défini avec plus de 200 000 pixels. Le tout calibrable par menu.

Au tournage : toucher et ergonomie sans faille

Passées les petites surprises, nous avons éprouvé la caméra au tournage. Heureuse nouvelle : la XL2 est tout bonnement l’appareil le plus efficace à manier sur le terrain. Il est vrai que caser des commandes sur une coque deux fois plus imposante que celle d’une PD170 ou d’une DVX100A est assez facile… Mais tout est bien pensé : on se rapproche de l’ergonomie d’une grosse caméra d’épaule en version un peu simplifiée. Bien vue, la commande d’iris qui sert aussi de molette Push & Sel du bouton d’accès au menu situé juste à côté. Bien vue aussi, la commande de vitesse d’obturation à proximité. Excellent enfin, la balance des blancs commutable sur deux positions mémorisées. Elle est aussi escamotable pour éviter les fausses manipulations, tout comme le gain. On trouve encore, assorti à ces commandes idéales, un ensemble de commutateurs qui jouent beaucoup sur la productivité de tournage. Ils sont regroupés sur l’objectif.

L'objectif interchangeable

Car l’objectif est évidemment l’atout de l’appareil. On peut, par exemple, d’une poussée, désactiver le stabilisateur, l’autofocus, accéder à des préréglages mémorisés… Autre point fort, le fait de basculer en mode 50i/25p ou 4/3- 16/9 sans ouvrir le moindre menu. Pour résumer l’ergonomie : la navigation dans un menu est inutile, sauf pour régler l’image de manière avancée » comme on peut le faire sur la DVX100A. Cette réussite ne souffre que deux critiques. La première : ni la mise aupoint, ni le zoom n’offrent de butée, leur course est mal étudiée (trop longue) et connaît un pompage en utilisation manuelle. Réellement dommage à ce niveau de prix. Et ce, d’autant plus que l’objectif est fabuleux. Cette lacune est atténuée par une commande électrique dont on peut paramétrer la vitesse, mais aussi la linéarité (course constante ou variable en fonction de la pression) grâce à un commutateur situé à côté du déclencheur.

L’autre critique concerne la partie son, pourtant idéalement développée en terme de contrôle (sur quatre canaux, le micro d’ambiance fourni utilisant une entrée indépendante aux deux XLR). Mais ses boutons se regroupent sous un volet à l’arrière. Le réglage du gain en cours de tournage est donc très délicat, alors que sur une PD170 tout s’effectue très vite, via un bouton, quitte à disposer moins facilement des réglages avancés. En conclusion, bravo pour la partie image et dommage pour l’accès à la section son, malgré sa conception très pro.

L'image attendue au tournant

Justement, l’enjeu « image » de la XL2 est de taille. Dans ce domaine, la concurrence avait pris une bonne longueur d’avance. Les deux rivaux DVX100A et PD170 offrent plusieurs avantages : une excellente sensibilité (idéale et invaincue chez Sony), une image irréprochable, voire « créative » chez Panasonic avec son astucieux système de Scene File où l’on stocke tous ses paramètres et le mode Cine Like. Sur cette base, la XL2 tente de faire d’une pierre deux coups entre rationalité et créativité, tout en se targuant d’être la première caméra réellement 16/9 de la catégorie. Ailleurs, ce mode est une extrapolation électronique autour du format 4/3. La fiche technique et le nombre de pixels du nouveau triCCD sont lourds de promesses. 680 000 points par CCD et plus de 460 000 utiles en mode 16/9, l’image promet d’être définie et plutôt riche. Au visionnage de nos rushes, le constat que nous dressons est conforme. Ce camescope délivre une superbe image servie par un exceptionnel zoom x20 et un stabilisateur optique irréprochable. Malgré des panoramiques très rapides et des changements d’éclairage violents, les automatismes suivent sans broncher. Précision et vélocité sont au menu, et c’est tant mieux. Pour tourner en plein jour donc, la XL2 est à la hauteur et délivre l’une des plus belles images que nous connaissons. De plus, Canon s’est fortement inspiré des fonctionnalités Panasonic pour permettre de personnaliser cette image. On peut passer en mode 25p et jouer sur tous les réglages créatifs (Gamma, Matrix, Knee, Couleurs…) via le menu des Customs Presets : on stocke les paramètres dans la mémoire des touches Presets. Et on y accède d’une simple pression. Cette caméra saura donc accompagner des premiers pas dans l’univers du tournage de fiction. A noter, toutefois, que les modifications de l’image sont moins flagrantes qu’avec la DVX100A.

Satanée sensibilité

Ce bilan serait presque idyllique si nous ne nous étions pas aventurés en basse lumière. Quel regret ! Canon a certes progressé, mais la XL2 fait largement moins bien que ses deux concurrentes directes.

Là encore, la fiche technique ne ment pas (malheureusement) : au-dessous de 4 lux, on ne tire plus rien de l’appareil. De plus, le gain censé sauver des images trop sombres n’est, selon nous, pas réellement exploitable au-delà de 6 dB et il manque de paliers. Vous passerez donc de 6 à 12 dB sans étape. L’image fourmille, les zones sombres sont assez noires pour effacer les détails… Ce point essentiel constitue notre principale déception puisque tout le monde attendait le constructeur au tournant. Difficile donc de filmer correctement des spectacles et autres scènes en milieux obscurs. Nous aurions apprécié que Canon mette un point d’honneur à améliorer cette performance : il s’agit, à notre avis, d’un critère déterminant pour la cible du produit.

Ce manque de sensibilité n’est cependant pas totalement rédhibitoire (il y a quelque temps, 4 lux classait un appareil parmi les bons), mais comme le positionnement tarifaire de la XL2 en fait la caméra la plus chère de la gamme Prosumer, nous aurions aimé ne pas la voir souffrir sur ce tableau. A l’heure ou le mini-DV est à son apogée, avant de céder la place au HDV, on peu se demander s’il est judicieux d’investir dans ce modèle. Les arguments qui plaident pour ce camescope, toujours aussi unique dans son genre, sont pourtant nombreux. On peut l’acheter pour son objectif (et tous les autres à monture XL), on peut l’aimer pour son ergonomie professionnelle, sa partie son ou la qualité d’image irréprochable qu’il délivre en condition de lumière correcte. On peut enfin apprécier de disposer d’une véritable épaulière 16/9 à ce tarif. Mais il est évident qu’un prix de vente moins conséquent (pourquoi pas 5 000 euros ?) pousserait plus facilement l’utilisateur à adopter cet appareil aux indéniables qualités pros. A guetter dans l’avenir.

Les chiffres du labo

L’autonomie de la batterie longue durée fournie en standard (BP-945), s’établit à environ 3 h 10 en enregistrement continu et se situe plutôt à 2 h 05 en condition de tournage normal. La mise en route et le tournage effectif sont possibles en moins de 4 secondes. Il n’existe aucun temps de latence en pause/reprise enregistrement. L’autofocus réagit systématiquement en moins d’une demi-seconde en tournage normal et en moins d’une seconde et demi quand on décide de le biaiser volontairement (par un Push-auto après un déréglage). La plage de zoom est balayée en 3 secondes à la vitesse maximale sélectionnée.

Les chiffres du labo

L’autonomie de la batterie longue durée fournie en standard (BP-945), s’établit à environ 3 h 10 en enregistrement continu et se situe plutôt à 2 h 05 en condition de tournage normal. La mise en route et le tournage effectif sont possibles en moins de 4 secondes. Il n’existe aucun temps de latence en pause/reprise enregistrement. L’autofocus réagit systématiquement en moins d’une demi-seconde en tournage normal et en moins d’une seconde et demi quand on décide de le biaiser volontairement (par un Push-auto après un déréglage). La plage de zoom est balayée en 3 secondes à la vitesse maximale sélectionnée.

Verdict

La XL2 cultive son atypisme dans un monde qui change vite. L’histoire dira si cette caméra séduira plutôt les créatifs grâce à ses nouvelles fonctions ou les institutionnels peu soucieux de HDV. Quoi qu’il en soit, la XL2 ne laisse pas indifférent, tant par son look tape à l’oeil que par son concept d’épaule ou son ergonomie très pro. Nous regrettons son manque de sensibilité qui est un frein au reportage tout-terrain. Son prix devrait, c’est indispensable, évoluer à la baisse. Cela jouera forcément en sa faveur face à une concurrence acharnée.

Les plus

  • Appareil réellement professionnel en termes d’ergonomie et d’optique
  • Qualité vidéo, surtout en 16/9, excellente
  • Partie sonore très développée et offrant des contrôles de mixage avancés
  • Fonctionnalités créatives très agréables
  • Précision des automatismes
  • Étendue et accessibilité des réglages manuels vidéo
  • Stabilisateur optique exceptionnel
  • Kit complet (semelle porte-accessoires, télécommande à molette…)

Les moins

  • Sensibilité perfectible par rapport à la concurrence
  • Système de visée discutable malgré la qualité de l’affichage
  • Positionnement tarifaire mal étudié
  • Accès difficile au contrôle du son pendant le tournage
  • Manque de paliers du gain (9 dB)
  • Pompage du zoom manuel et pas de bague de butée

Caractéristiques

  • Capteurs : TriCCD 1/3″, 3 × 800 000 pixels, 460 kp utiles en mode 16/9, 350 kp en 4/3
  • Zoom et objectif : ×20 (optique) interchangeable (montures série XL, adaptateur EF en option), équivalent 51.8 × 1 036 mm (mode 4/3) en 24 × 36 ou 42.3 × 846 mm (mode 16/9), stabilisateur optique débrayable
  • Obturateur et programmes : Plusieurs modes de tournages, 50V25p, Contrôle gamma, Matrix, Knee, Sharpness, grain de l’image, mode cinéma… 7 programmes : Tout Auto, Auto, Spotlight, Basse lumière, Tv, Av, Manuel. 1/16000 au 1/6. Blocage de l’exposition
  • Débrayages : map, expo, bdb (auto, manuelle + 2 mémoires)
  • Sensibilité : 4 Lux
  • Résolution : Environ 550 points/ligne
  • Son : XLR x 2, alimentation Phantom +48 volts et micro d’ambiance
  • Autres : 2 boutons User, Custom Presets, entrées/sorties AV, S-video, DV ln/Out, sortie casque,chargeur séparé. Batterie longue durée, étui objectif, télécommande avec molette. Ecran LCD en plus du viseur 200 kp. Connecteur BNC pour moniteur
  • Dimensions/poids : 225 × 220 × 496 mm. 3,5 kg tout équipé
  • Retro Digital
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