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Truquages et effets spéciaux

Si la composition d’une image peut-être réalisée simplement et sobrement, des effets spéciaux peuvent également être réalisés. Nous n’avons pas l’intention d’analyser tous les truquages que l’imagination des cinéastes a pu créer, mais plus modestement d’évoquer les plus simples d’entre eux. Ils en trouveront plus de 50 décrits utilisant du matériels pour le cinéma Super 8 et 8mm dans l’ouvrage de Pierre Monier  « Ciné-Trucages », Éditions Paul Montel.

C’est à Georges Méliès, l’un des pionniers du Cinéma, que l’on doit le premier truquage. Le point de départ en fut tout simplement un petit ennui mécanique en cours de tournage, place de l’Opéra, d’une scène de rue. La caméra s’étant brusquement enrayée, Méliès répara rapidement la panne sur place et recommença à tourner. Or, par un pur effet du hasard, la caméra s’était arrêtée, avant la panne, sur un omnibus et lorsqu’elle repartit, enregistra l’image d’un corbillard ! l’appareil étant resté sur pied pendant cette courte interruption, Méliès eut la surprise de voir au cours de la projection du film, l’omnibus se transformer en corbillard. Le premier truquage du cinéma était né !

Les trucages sont aujourd’hui très facile à réaliser. Il suffit de faire une numérisation super 8 et ensuite une infinité de possibilités s’ouvre à vous avec un logiciel de montage virtuel ou de trucage vidéo.

Enchainement des plans

Quels sont les moyens simples que peut utiliser un cinéaste amateur pour assurer un enchaînement harmonieux des plans de son film ?

Il est bon de rappeler que la notion même de «raccord» entre deux plans, relève pour une large part des tendances du moment. Actuellement de nombreux cinéastes préconisent le montage «cut», qui consiste précisément à passer sans transition artificielle d’un plan à un autre ce qui n’exclut pas, bien au contraire, une recherche d’harmonisation assez poussée en densité, en couleur et en mouvement entre les images à enchaîner. Quoi qu’il en soit, certains artifices sont encore assez couramment pratiqués :

Les fondus

  • Le fondu simple consiste à passer progressivement, sur une certaine longueur de film, d’une image normalement exposée à une image noire (fondu au noir ou fondu à la fermeture) ou, inversement, d’une image noire à une image de densité normale (fondu à l’ouverture). Le fondu marque la fin ou le début d’une scène. Il peut être réalisé de trois manières différentes
  • Le fondu au diaphragme, s’effectue par fermeture ou ouverture progressive du diaphragme. Pour un« fondu au noir», le mouvement, d’abord assez lent, ira en s’accélérant jusqu’à fermeture complète. A l’inverse, le « fondu à l’ouverture », d’abord assez rapide, se terminera sur une autre beaucoup plus lente et très progressive.
    L’effet sera d’autant plus marqué que l’écart entre l’ouverture de diaphragme prévue pour le sujet (f/5.6, par exemple) et la plus petite ouverture de l’objectif (f/16, par exemple) sera plus grand. Si l’écart est insuffisant il faudra coiffer l’objectif d’un filtre neutre de coefficient 4, ce qui conduira à ouvrir le diaphragme de 2 divisions.
  • Le fondu à l’obturateur, ne peut être pratiqué que sur une caméra équipée d’un obturateur variable ; l’ouverture ou la fermeture progressive de l’obturateur peut être commandée manuellement ou automatique automatiquement, selon les modèles de caméras. C’est de loin la meilleure solution pour réaliser des fondus.
  • Le fondu à l’iris, n’est plus guère pratiqué actuellement. Il consiste à coiffer l’objectif de la caméra d’un iris, sorte de diaphragme dont la construction spéciale lui permet de se fermer complètement. L’effet de l’iris n’est cependant pas identique à ceux donnés par le diaphragme et par l’obturateur, la densité de l’image ne variant pas uniformément sur toute sa surface.
  • Le fondu enchaîné, n’est en fait que la combinaison d’un fondu à la fermeture et d’un fondu à l’ouverture. Son exécution implique, cependant, de pouvoir ramener le film en arrière dans la caméra : ce qui n’est possible qu’avec certains modèles de caméras. Il consiste à faire en sorte que disparaissent progressivement, en s’assombrissant, les dernières images d’un plan, en même temps qu’apparaissent progressivement, en s’éclaircissant les premières images du plan suivant. C’est l’un des truquages les plus utilisés pour passer harmonieusement d’un plan à un autre.
  • Le volet, est un cache noir ou opaque qui, déplacé devant l’objectif de la caméra, en début ou en fin de plan, permet de masquer ou de démasquer progressivement, à la manière d’un rideau, la scène considérée.
    La combinaison de deux volets, de sens contrariés, l’un pour masquer progressivement l’image, l’autre pour la démasquer, peut faciliter aussi l’enchaînement entre deux scènes.
  • le filé, technique qui consiste à «balayer» rapidement une scène, par un mouvement panoramique, aboutit à un véritable «brouillage» de l’image. C’est un moyen utilisé par certains cinéastes pour enchaîner deux plans entre lesquels aucune transition acceptable n’a pu être ménagée.

Tous ces truquages servent en quelque sorte à la ponctuation des images. Ils permettent d’enchaîner les plans, de terminer les séquences et de séparer les périodes du récit cinématographique.

Fondus après tournage

Est-il possible d’envisager d’introduire des fondus ou autres effets spéciaux sur un film impressionné ?

La seule méthode rationnelle et valable mais uniquement applicable pour le moment aux films 16mm, consiste à passer par l’intermédiaire d’un laboratoire spécialisé. Autre restriction importante, elle ne s’applique qu’au système négatif positif à l’exclusion, par conséquent du système inversible : ce qui revient, en fait, à en limiter l’application au domaine professionnel.

Modifications du mouvement

Quels avantages y a-t-il à posséder une caméra dotée de toute une gamme de vitesses ? Celles-ci sont-elles réellement utilisées par le cinéaste amateur et, dans l’affirmative, à quelle fins ?

Nous avons déjà vu que toute modification de la cadence de prises de vues, par rapport à la cadence normale ( 18 au 24 images/seconde), pour une projection à cadence normale se traduisait par une accélération ou par un ralentissement des mouvements, selon que cette cadence était inférieure ou supérieure à la normale. De là à en tirer des effets ou à réaliser des truquages, il n’y avait qu’un pas, bien vite franchi par les cinéaste . Ces vitesses ne peuvent être utilisées que lorsque l’on tourne en «muet».

Accélération du mouvement

Les possibilités de tourner en accéléré varient énormément, en fonction des modèles de caméras ; certaines d’entre elles ne« descendent» qu’à 12 images/seconde, d’autres à 8 et quelques rares modèles (Beaulieu Super 8) à 2. Les prises de vues effectuées à 8 ou 12 images/seconde ne donnent en fait, qu’une légère accélération du mouvement. Encore cela permet-il déjà de donner un peu plus de rythme ou de mouvement à certaines scènes de bagarres ou de poursuite. Par contre, elles peuvent permettre d’enregistrer des images dans des conditions d’éclairage plus faibles. Mais les effets les plus spectaculaires sont ceux que permet la prise de vues « image par image ».

De nombreuses caméras d’amateurs permettent la prise de vues image par image ou vue par vue. Pour ce faire, la caméra doit être fixée sur pied et déclenchée au moyen d’un déclencheur souple afin d’éviter tout mouvement entre deux prises de vues successives. Seuls les objets ou les éléments de la scène filmée se déplacent entre 2 déclenchement de la caméra.

C’est, par excellence, la technique de l’ultra-accéléré utilisée par certains pour produire des effets comiques ou humoristiques (scènes de rues animées de mouvements vertigineux, scènes sportives, parties de camping cocasses etc.)

L’ultra-accéléré est pratiqué aussi pour accélérer des mouvements trop lents pour pouvoir être saisis en un court laps de temps (formations nuageuses, levers et couchers de soleil, etc.)

C’est aussi grâce à cette technique que sont animés les titres et génériques, les dessins, cartes, schémas, etc.; c’est enfin la technique de base des films d’animation et dessins animés dont l’analyse dépasse le cadre de cet ouvrage.

Ultra-accéléré

J’ai toujours été frappé par certains effets d’accéléré spectaculaires, telle, par exemple, l’éclosion d’une fleur en quelques secondes. La technique utilisée est-elle à la portée d’un amateur ?

Il s’agit, là encore, d’une application de la technique de prise de vues image par image, mais à la différence de ce que nous avons vu à propos des films d’animation, l’intervalle séparant deux images successives peut être assez long. En fait, le nombre d’images à prendre, pour faire clairement apparaître le phénomène, dépend de la durée du phénomène proprement dit, de plusieurs heures à plusieurs jours dans l’exemple cité.

Votre patience risquant d’être mise à rude épreuve, vous pouvez vous procurer un petit accessoire « temporisateur » relié à la caméra et permettant de déclencher cette dernière à des intervalles réguliers, pré-déterminés par vos soins en fonction du phénomène considéré. Une source d’éclairage (flash électronique en général) peut être couplée avec la caméra en cas de besoin. Cette technique est non seulement utilisée pour accélérer l’éclosion d’une fleur mais aussi pour accélérer la course du soleil dans le ciel. En opérant, par exemple, à des intervalles de 5 à 1 5 secondes, on peut créer des effets comiques : papa en train de repeindre la maison, scènes de pique-nique, circulation automobile, etc.

Comment peut-on déterminer l’intervalle de temps séparant deux prises de vues successives, lorsqu’on désire accélérer un mouvement ?

L’intervalle de temps à respecter est fonction tout à la fois de la durée du mouvement que vous désirez filmer et de la durée de la séquence que vous souhaitez enregistrer.

Par exemple, si l’éclosion d’une fleur dure 1 heure et que vous souhaitiez obtenir un plan de 10 secondes, il vous suffit de diviser la durée d’éclosion exprimée en secondes (3600 s) par la durée du plan (10 secondes) multipliée par la fréquence de projection ( 18 im/s), soit : 3600/10×18=20 secondes.

l’intervalle entre deux prises de vues devra donc, dans l’exemple choisi, être de 20 secondes.

Sachez encore, à titre indicatif, que dans le cas d’une projection à 18 im/s, le fait de prendre 1 image toutes les secondes, correspond à une accélération du mouvement de 1 8 fois. Ajoutons enfin que la prise de vues  « image par image» se traduit, en l’absence de correction du diaphragme, par une certaine surexposition.

Ralenti du mouvement

Certaines caméras permettent de tourner à des cadences de 32, 48, 64, images/seconde, parfois légèrement plus. A l’inverse de ce que nous avons constaté pour l’accéléré, le mouvement mouvement sera d’autant plus ralenti que la cadence de prises de vues sera plus élevée.

Arrêtons-nous un court instant sur la cadence de 24 images/seconde qui retiendra notre attention, non pas tellement pour le léger ralenti qu’elle permet (de l’ordre de 1/3 pour une projection effectué à 18 im/sec), mais parce qu’elle constitue la cadence normalisée des films à son optique. Elle peut également être pratiquée pour certains panoramiques dont elle réduira l’inévitable et légère instabilité.

La cadence de 32 images/seconde est surtout pratiquée pour la prise de vues à bord de véhicules en marche.

Bien que l’analyse de certaines images commence à devenir intéressante à 48 images/seconde, ce n’est guère qu’entre 64 et 80 images/seconde, que commence le véritable ralenti pour un amateur. C’est essentiellement le domaine des scènes sportives et de l’analyse des mouvements d’athlétisme.

Important: Ne jamais faire fonctionner caméra à vide à ces vitesses élevées !

Arrêt de prise de vues

Par quel artifice les substitutions ou disparitions d’objets sont-elles réalisées ?

Il suffit, pour le comprendre, de se reporter à l’incident de l’omnibus et du corbillard relaté par Méliès.

Votre caméra étant soigneusement fixée sur pied, de façon à bien enregistrer le même cadrage, il vous suffira d’arrêter la prise de vues sur un objet ou personnage déterminé, de lui substituer un autre objet au personnage, puis de reprendre la prise de vues. La continuité apparente de la scène n’en sera pas rompue. Précisons toutefois, que ce truquage ne peut être pratiqué que sur des objets inanimés ou sur des éléments momentanément immobilisés.

Ce truquage est à la base de toutes les applications, disparitions et substitutions popularisées par le cinéma comique !

Fondus Enchainés avec Caméras Super 8

Pour quelles raisons ne peut-on effectuer des fondus enchaînés à la prise de vues avec les caméras Super 8 ?

Il est inexact de dire que la réalisation d’un fondu enchaîné est impossible avec une caméra Super 8. Certes, la conception du chargeur n’était pas de nature à faciliter ce genre d’enchaînement entre les plans mais l’imagination de certains constructeurs a maintenant permis de combler ce handicap des débuts. Encore convient-il de nuancer quelque peu notre affirmation !

En effet, bien que le chargeur Super 8 ne permette pas« théoriquement» la marche arrière, la première, la firme Bauer a imaginé un système permettant une marche arrière, limitée à 90-100 images, en repoussant la portion de film correspondante dans le chargeur côté débiteur. De cette façon, il devient possible de fermer progressivement l’obturateur ou le diaphragme en marche normale, de rebobiner une longueur de film suffisante, puis de reprendre la prise de vues en ouvrant progressivement l’obturateur ou le diaphragme, selon les modèles de caméras. On réalise ainsi un véritable fondu enchaîné, de durée limitée, mais suffisante dans la plupart des cas.

Fondu par polarisation

J’ai entendu dire qu’on pouvait exécuter des «fondus» avec une caméra ordinaire en utilisant 2 filtres de polarisation. Est-ce exact ?

Parfaitement. Il suffit, pour y parvenir, de placer deux filtres de polarisation identiques, emboîtés l’un sur l’autre, sur l’objectif de la caméra. Pour une certaine position, les plans de polarisation des deux filtres étant parallèles, la lumière réfléchie par le sujet sera transmise normalement. Si l’on modifie alors la position de l’un de ces filtres par rapport à l’autre, on constate un assombrissement progressif du sujet, et, lorsque les plans de polarisation de ces deux filtres se trouvent perpendiculaires, une extinction totale. On peut ainsi réaliser à volonté des fondus à l’ouverture et à la fermeture en partant de l’une de ces positions pour arriver progressivement à l’autre.

N’oubliez pas de majorer l’exposition de deux à trois diaphragmes pour tenir compte du coefficient d’absorption de ces filtres !

Emploi des caches

Quels types d’effets est-il possible de réaliser à la prise de vues au moyen de caches ?

Rappelons d’abord, pour ceux de nos lecteurs qui l’ignoreraient, qu’un «cache» peut être constitué par un simple morceau de carton ou de métal, dans lequel se trouve découpée une ouverture : rectangle, losange, rond, ovale, etc.

Il doit être placé devant l’objectif et peut être fixé, sur un pare-soleil (type Kodak Professionnel N° 1 pour objectif de 20 à 48 mm de diamètre, N° 2 pour objectif de 30 à 70 mm).

L’emploi judicieux des caches permet de très nombreux effets ou truquages :

  • Double rôle: c’est l’exemple du sosie ou du personnage parlant avec lui-même. Il suffit d’un demi-cache vertical pour masquer, dans un premier temps, l’une des moitiés de l’image, le personnage étant cadré dans l’autre moitié. Après rebobinage du film impossible sur les caméras Super 8 mais praticable en, Single 8, le cache est changé de côté et vient masquer maintenant la moitié de l’image déjà impressionnée. Le même personnage peut alors être filmé à nouveau dans une attitude différente et dialoguer avec lui-même.
  • Changement d’échelle : c’est l’exemple d’un personnage réduit aux dimensions d’un nain ou d’une poupée se déplaçant sur une table.
    Ce truquage repose sur l’emploi d’un demi-cache horizontal. Dans un premier temps, le cache est placé de façon à masquer la partie supérieure du cadrage, au niveau de la table, celle-ci apparaissant dans le demi-cadrage inférieur. Dans un second temps, le personnage est filmé de loin au grand angle, sur fond noir de façon à réduire considérablement ses dimensions, et apparaît dans la moitié supérieure de l’image grâce au déplacement du cache (appelé contre-cache) qui vient maintenant masquer la moitié inférieure de l’image.

A la projection, le personnage donnera l’impression d’une poupée évoluant sur la table, au gré de la fantaisie du cinéaste.

L’emploi d’une caméra réflex pour la précision de la visée et d’un pied pour la stabilité de la prise de vues sont absolument indispensables. Ce trucage n’est possible qu’avec les caméras possédant la marche arrière (type Single 8)

D’autres effets (jumelles, trou de serrure) peuvent aussi être réalisés au moyen de caches appropriés.

Surimpression

La superposition d’images multiples peut-elle être réalisée par un cinéaste amateur et, dans l’affirmative, dans quelles conditions ?

La seule condition à remplir, pour effectuer une surimpression, est de disposer d’une caméra permettant la marche arrière. Sous cette réserve, la technique en est très simple. Elle consiste à enregistrer deux ou plusieurs images sur la même portion de film, en ramenant le film en arrière autant de fois que nécessaire.

Vous devez cependant modifier la valeur d’exposition en conséquence, en fermant légèrement le diaphragme ( ½ division) par rapport à la scène principale afin d’éviter de surexposer l’ensemble.

Vous éviterez autant que possible, le choix de scènes trop semblables, sous peine d’amener de la confusion.

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