C’est une opération à laquelle le cinéaste amateur n’accorde pas toujours l’importance qu’elle mérite au moment du montage ou du tournage. Dès le début de l’histoire du super 8, la nécessité d’indiquer un lieu et une date paraissent nécessaires. Il est fréquent de voir des films, de qualité fort honorable par ailleurs, « habillés » de titres médiocres, bâclés en toute hâte et qui indisposent le spectateur le moins exigeant. Prenons, là encore, exemple sur les professionnels qui rivalisent d’astuce et d’imagination pour concevoir des titres et génériques à la mesure de leurs films.
N’oubliez pas que le titre de votre film est en quelque sorte votre « carte de visite ». Il permet de présenter l’œuvre et ses auteurs. Il en donne généralement aussi le ton général et l’ambiance. Son choix revêt ainsi une importance primordiale !
Nous établirons d’emblée une distinction très nette entre les titres réalisables en cours de prises de vues sur les lieux même du tournage et ceux dont la fabrication intervient ultérieurement.
L’un des moyens les plus simples de réaliser les titres d’un film consiste à profiter de l’existence des nombreuses inscriptions, affiches, panneaux, etc. qui se trouvent dans la plupart des décors« naturels». L’amateur avisé saura, en effet, profiter des panneaux indicateurs, bornes kilométriques, affiches de toutes sortes pour réaliser à peu de frais les titres et sous-titres des principales séquences de son film. Cette possibilité s’applique essentiellement aux films de voyages et aux reportages de festivités, spectacles folkloriques, etc.
Il ne faut pas exclure non plus la possibilité de « fabriquer» des titres sur place de façon simple et économique aussi, à partir d’accessoires ou d’éléments empruntés au sujet filmé : inscriptions sur un gâteau d’anniversaire, titres de journaux ou de livres, dépliants touristiques etc. Le titre d’un film de vacances au bord de la mer ou dans une station de Sports d’hiver peut aussi être tourné en quelques minutes en le dessinant sur le sable humide de la plage, la blancheur immaculée de la neige ou le givre recouvrant une fenêtre .
Ces suggestions s’adressent surtout aux cinéastes débutants, peu familiarisés encore avec les ressources de la technique et nous verrons ultérieurement comment un amateur averti peut tirer un meilleur profit de ces éléments naturels.
Le professionnel, comme le cinéaste averti, préfère en règle générale, réaliser leurs titres ou génériques après montage du film proprement dit : ce qui leur permet, entre autres avantages, de rechercher une meilleure harmonie avec les images auxquelles ils vont se trouver associés et de mieux refléter, dans leur conception même, le caractère dominant de l’œuvre.
Nous n’insisterons guère sur les matériaux (supports, lettres de toutes sortes, petits objets, etc.) qui peuvent entrer dans leur fabrication et relèvent avant tout du sens artistique et de l’imagination de l’auteur, pour répondre plus en détail aux questions, très nombreuses, que soulèvent leur réalisation du point de vue technique.
Une simple caméra d’amateurs peut-elle suffire à la réalisation de titres et génériques ?
Une distinction s’impose d’emblée entre les caméras réflex et non réflex.
Si vous possédez une caméra à visée non réflexe, vous devrez vous procurer un accessoire, appelé « Titreuse » composé d’une petit chariot mobile servant de support à la caméra et pouvant se déplacer dans le sens de l’axe optique de l’objectif, d’un cadre porte-documents et d’un socle sur lequel vient s’articuler un matériel d’éclairage. Ce dispositif apparemment complexe doit vous permettre de filmer, sans la moindre erreur de cadrage, de parallaxe ou de mise au point, tous les titres ou autres éléments situés dans le plan du porte-documents. La Titreuse « Titrayflex » fabriquée par Muray, peut être recommandée pour sa simplicité et la variété de ses possibilités.
Si vous disposez d’une caméra à visée réflexe, vous pouvez à la rigueur vous passer de titreuse, puisque vous enregistrez sur le film l’image exacte du sujet, telle qu’elle apparaît sur le dépoli du système de visée. La titreuse peut cependant s’avérer utile, grâce au dispositif d’éclairage intégré dont elle est équipé. En outre, elle peut faciliter largement certains truquages et effets spéciaux, grâce aux petits accessoires (disques mobiles, plaques tournantes, déroulants pour génériques, etc.) qui peuvent lui être associés.
A défaut de titreuse, comment assurer un éclairage uniforme du document à reproduire et éviter les réflexions qui se produisent sur certaines surfaces lisses ou glacées par exemple ?
Pour réaliser un éclairage uniforme, il suffit d’éclairer le document à reproduire au moyen de 2 lampes de puissance égale, montées dans des réflecteurs disposés de part et d’autre de la caméra et formant chacun un angle de 45° avec l’axe de l’objectif.
Dans cette position, aucune réflexion de surface ne doit apparaître. Si cela n’est pas le cas, déplacez légèrement les lampes par rapport à l’axe de l’objectif, jusqu’à disparition des reflets gênants. Si vous ne parvenez pas, malgré cela, à un résultat satisfaisant, en raison de la texture particulière du support utilisé, vous devez avoir recours aux ressources de la lumière polarisée.
Dans tous les cas, munissez votre objectif d’un pare-soleil, afin d’éviter toute réflexion des sources d’éclairage sur sa surface.
De quels moyens le cinéaste amateur peut-il disposer pour incorporer un titre (emprunté à un guide touristique ou à une page de magazine, par exemple) dans un film, sur le lieu même du tournage ?
Votre question soulève tout simplement le problème des prises de vues à courte distance. La solution réside soit dans l’utilisation d’un objectif zoom muni d’une lentille additionnelle de puissance appropriée, soit dans celle d’un macro-zoom.
Certaines caméras peuvent être équipées d’un accessoire pourvu d’une glissière porte-documents permettant d’aboutir au même résultat.
Quelles sont les techniques employées pour faire apparaitre des titres, en lettres blanches ou colorées, en surimpression sur des fonds divers (papiers ou tissus de couleurs, paysages etc.) ?
Plusieurs techniques peuvent être mises en œuvre, selon la nature du fond choisi et l’effet désiré. Les titres en surimpression, quel que soit le procédé retenu, sont fréquemment utilisés, car ils permettent d’obtenir un texte sur les images mêmes du film.
Par exemple, pour surimpressionner des lettres en relief sur un fond constitué par une épreuve sur papier, noir et blanc ou en couleur, vous aurez intérêt :
De cette manière, les lettres et le fond pourront être éclairés séparément, facilitant ainsi la détermination d’un temps de pose adéquat à l’effet recherché.
Si vous souhaitez faire apparaître les lettres en couleurs, il vous suffit de monter un filtre coloré sur la source d’éclairage ; des filtres de couleurs différentes, montés sur les sources lumineuses, peuvent aussi combiner leurs effets.
La surimpression d’un titre sur un fond naturel (paysage, ciel, etc.), peut également se faire directement à la prise de vues. Il faut disposer, à cet effet, d’une caméra permettant la marche arrière, afin de pouvoir rebobiner la portion de film sur laquelle le titre aura été impressionné. Ainsi l’opération se fait-elle en 2 temps :
Peut-on filmer une diapositive en vue de lui surimpressionner un titre ? Quelles dispositions pratiques préconisez-vous pour l’éclairage de la diapositive ?
Les diapositives en couleurs constituent effectivement une source inépuisable de fonds pour la surimpression de titres ou de génériques cinématographiques. Le choix de la diapositive doit être fait avec discernement. Celle-ci devra être correctement exposée et assez peu contrastée, sous peine de distorsions importantes dans la reproduction des valeurs.
Vous filmerez tout d’abord, bien entendu, votre titre (lettres blanches sur fond noir ! ) comme indiqué ci-dessus puis, après avoir rebobiné la portion de film correspondante, vous surimpressionnerez l’image agrandie de la diapositive en projetant cette dernière par transparence sur un écran adéquat ou encore sur un verre dépoli suffisamment fin ou sur une feuille de Kodatrace. L’axe du projecteur ne devra pas être tout à fait perpendiculaire à la surface de l’écran afin d’éviter l’apparition d’une zone plus claire au centre de l’image.
Vous pouvez également filmer l’image projetée par réflexion sur un écran, de préférence blanc mat, à l’exclusion de l’écran perlé dont la surface granuleuse apparaîtrait sur l’image. L’opération peut se faire à volonté en un ou deux temps.
Une autre technique peut aussi être appliquée. Elle consiste à filmer la diapositive elle-même, en vraie grandeur. La difficulté, dans ce cas, consiste à disposer d’un objectif de focale appropriée, car l’objectif qui équipe la caméra ne permet pas de cadrer sur une toute petite surface. Il faut donc utiliser des lentilles additionnelles, des tubes allongés (à condition que l’objet soit amovible), ou mieux encore un macro-zoom.
La prise de vues se fait soit à la lumière du jour, à condition d’éviter de placer la diapositive sur un fond coloré (un mur blanc convient parfaitement), soit à la lumière artificielle, à l’aide de lampes photoflood claires ou halogène-quartz, sur film type « lumière Artificielle».
Afin d’éviter toute vibration, la caméra sera placée sur un pied et mise en marche par l’intermédiaire d’un déclencheur souple.
Est-il possible de surimpressionner soi-même un titre ou générique sur une séquence de film déjà développée ?
Cette opération, relativement simple, consiste en fait à réaliser un duplicata de la séquence en question. Pour ce faire, il suffit de projeter cette séquence sur un écran, par transparence ou par réflexion, et de filmer l’image projetée, en prenant les précautions indiquées précédemment. La qualité de l’image subira, dans les meilleurs cas, une certaine dégradation ; aussi aurez-vous intérêt à ce que les titres occupent une assez grande partie de la surface de l’image.
Comme précédemment indiqué les titres (en lettres blanches sur fond noir) pourront être filmés avant ou après la séquence de film. L’opération peut même se faire en un seul temps si l’on dispose d’un projecteur de vues fixes pour surimpressionner directement le titre (sous forme d’une diapositive) sur la projection du film, technique qui permet une mise en place du titre beaucoup plus précise.
Existe-t-il un procédé simple permettant à un cinéaste amateur d’animer un titre de film ?
Si vous possédez une caméra permettant la prise de vues image par image, vous pouvez très facilement animer des lettres ou des cartes géographiques, par exemple, en appliquant la technique évoquée page 130. Celle-ci consiste, pour un titre, à disposer les lettres qui le composent une par une, après chaque déclenchement de la caméra, réglée bien entendu sur la position « image par image ». Le rythme du mouvement peut d’ailleurs être légèrement ralenti si nécessaire, en prenant plusieurs images de chacune des lettres. Pensez aussi à poursuivre la prise de vues pendant quelques secondes après déplacement du dernier élément ! Vérifiez enfin sur le mode d’emploi de votre caméra la vitesse d’obturation en position « image par image» afin d’éviter toute erreur d’exposition.
J’aimerais réaliser les titres de mon prochain film à la manière de certains génériques de feuilletons de la Télévision. Comment pourrais-je obtenir un effet de défilement similaire ?
Ce genre de générique porte le nom de « déroulant ». Il nécessite l’emploi d’un accessoire spécial, sorte de tambour animé d’un mouvement de rotation uniforme sur lequel se trouvent fixés les éléments du générique. La vitesse d’escamotage des titres peut être modifiée, soit en agissant sur la vitesse de rotation du tambour, soit en réduisant la cadence de prise de vues.
Seuls les éléments du titre situés au centre du tambour sont lisibles tandis que ceux qui les suivent ou qui les précédent disparaissent ou apparaissent en flou. La titreuse Titrayflex de Muray peut être équipée d’un cylindre permettant de réaliser un «déroulant».
J’ai souvent commis des erreurs d’exposition en me servant de ma caméra automatique pour filmer des lettres noires, blanches ou colorées, sur des fonds clairs ou foncés. Quelles corrections faut-il apporter aux indications fournies par la cellule de la caméra ?
Qu’il s’agisse de lettres blanches sur fond noir ou de lettres noires sur fond blanc, vous devez déterminer l’exposition du film, de type inversible, en fonction des parties blanches.
Avec une caméra automatique, la méthode la plus simple consiste à substituer au titre une feuille de papier blanc. La mesure ainsi effectuée en lumière réfléchie, dans ces conditions, par la cellule de votre caméra, vous donnera une exposition correcte pour vos titres. Ajoutons, cependant, qu’une légère correction (de l’ordre de ½ diaphragme, par exemple f/11/f/16 au lieu de f/16) doit être apportée par rapport aux indications de la cellule orientée sur un papier blanc. Certains cinéastes préconisent même, dans ce cas, une lecture de substitution sur une page de journal ne comportant que du texte (petites annonces, par exemple). Dans les deux cas, l’automatisme de la caméra devra être débrayé et le diaphragme choisi « bloqué » à l’aide du bouton approprié.
Existe-t-il une méthode permettant de confectionner des titres colorés (lettres ou graphismes blancs sur fond coloré) à partir de textes imprimés ou dactylographiés ?
Cette méthode implique la possession d’un appareil photo petit format. Elle présente deux variantes, qui consistent à tirer parti de la possibilité de développer en négatif couleur le film inversible Kodak Ektachrome-64. Procédé E6.
1ier CAS Le texte, le graphisme ou le dessin sont exécutés en noir sur fond blanc. Dans ce cas, vous devez choisir un filtre coloré de faible densité (voir ci-après) en tenant compte de ce que la couleur du fond sera complémentaire de celle du filtre, et que sa saturation sera inversement proportionnelle à la densité du filtre choisi. De cette façon, les lettres blanches contrasteront fortement avec le fond coloré.
Filtre Kodak Wratten | Couleur du fond |
N° 4 Jaune | Bleu foncé |
N° 22 Rouge clair | Bleu-vert |
N° 56 Vert clair | Pourpre (Magenta) foncé |
N° 30 Pourpre clair | Vert foncé |
N° 38 Bleu clair | Marron |
2ième CAS. Les éléments graphiques sont exécutés sur fond coloré. Dans ce cas, le fond devra être de couleur assez claire, car, comme dans l’exemple précédent, il sera traduit par une couleur complémentaire de la sienne et de densité inversement proportionnelle (voir tableau ci-dessus) ; quelle que soit la méthode pratiquée, la copie des éléments graphiques à reproduire se fera de façon conventionnelle, de préférence au moyen d’un appareil réflex.
L’éclairage pourra résulter à volonté de l’emploi de lampes survoltées ou de spots ordinaires, le rendu des couleurs ne présentant pas, dans ce cas particulier, le moindre aspect critique.
L’exposition pourra être déterminée au moyen d’un posemètre réglé sur une rapidité de 400 ASA, et non de 64, rapidité normale du film Ektachrome-64 développé en inversible.
Le traitement du film se fera dans les bains (référence C 41) normalement prévus pour le développement des films négatifs couleurs en suivant scrupuleusement les indications de durée, de température et la succession des opérations recommandées pour ces films.
Quelle que soit la méthode adoptée, je vous conseille d’opérer en lumière artificielle (lampes Photoflood), plus constante et plus facile à équilibrer, sur film lumière artificielle Type A, sans filtre.
Si vous filmez l’image apparaissant sur un écran de projection (par transparence ou par réflexion), vous devrez munir l’objectif de votre caméra d’un filtre Wratten N ° 82A, la lampe du projecteur ayant une température de couleur d’environ 3 200 K seulement. Il peut parfois s’avérer indispensable de corriger au moyen d’un filtre compensateur de couleur magenta la tonalité légèrement verdâtre de la lumière introduite par certains verres anticaloriques.
Sur quelles bases détermine-t-on la longueur à donner aux titres ?
La durée d’un titre se détermine d’une manière extrêmement simple, par mesure du temps de lecture du texte à reproduire, à voix haute et assez lentement, pendant que vous filmez.
De quelle façon peut-on obtenir un effet de relief sur des titres venant en surimpression sur un fond coloré, par exemple ?
C’est d’abord dans le choix des lettres que vous devez orienter vos recherches ; il existe plusieurs modèles de lettres moulées, en céramique ou en plastique, en plusieurs dimensions, spécialement adaptées à ce genre de travaux. C’est ensuite par la disposition de l’éclairage que vous pourrez doser, par la longueur des ombres portées, le degré de relief désiré. Pour ce faire, la source de lumière unique (flood ou spot) devra être disposée latéralement et réglée visuellement de façon à faire naitre les ombres indispensables à l’obtention de l’effet de relief.
Copyright © 2024 RETRO-DIGITAL