Notre propos n’est pas ici d’exclure la pratique du cinéma « à la sauvette» ou du cinéma dit «familial» réalisé sans idée préconçue, au gré de l’inspiration ou des circonstances, car cela serait priver un grand nombre de cinéastes amateurs de leur motivation principale : fixer des souvenirs vivants et colorés des moments heureux de l’existence. D’ailleurs les 10 conseils pour des images de qualité sont tout aussi valable.
Nous ne voulons pas davantage transformer la prise de vues cinématographique en une tâche ardue, impliquant une préparation minutieuse et assujettie à un plan de réalisation qui ne laisserait plus la moindre place à la fantaisie ou à l’imagination.
Nous souhaitons, plus simplement, mettre en garde le cinéaste débutant contre le mythe de l’équipement selon lequel il faut obligatoirement, pour faire un bon film, disposer d’une caméra perfectionnée. Nous voudrions aussi lui faire comprendre que la « réussite » réside avant tout dans son aptitude à faire partager aux spectateurs l’émotion, la joie ou, plus généralement l’intérêt de ses images : ce qui n’exclut pas, bien au contraire, la recherche d’un centre d’intérêt autour duquel viendront s’articuler les diverses séquences, de façon à établir entre elles le lien logique sans lequel parents et amis se lasseraient rapidement d’une succession d’images disparates et de plans décousus.
N’oubliez jamais que tourner un film, c’est raconter une histoire et, qu’à ce titre, il doit comporter un début ou introduction, un récit ou développement et une fin en conclusion le tout s’enchaînant harmonieusement. Fort heureusement, les enchaînements assurant la continuité de l’action se présentent souvent d’une façon naturelle, en suivant le déroulement logique ou chronologique de la scène.
Pour vos premiers films, vous pourrez vous contenter de suivre l’échelle logique des plans, c’est-à-dire de passer du plan général qui situe le cadre de l’action, aux plans moyens qui en cernent le déroulement, puis aux gros plans qui permettent de saisir un détail significatif ou une expression de visage intéressante. Le processus inverse vous permettra ensuite, partant d’un gros plan, de redécouvrir le cadre initial, en conservant toujours présent à l’esprit la continuité du récit ou de l’action. Ce faisant, vous réaliserez déjà sommairement ce qu’on appelle un « découpage ».
Vous varierez autant que vous le pourrez les angles de prises de vues, pour éviter la monotonie d’un point de vue unique et vous vous laisserez guider «naturellement». au fur et à mesure du déroulement de l’action, par les divers centres d’intérêt qui pourront se présenter.
Enfin, n’oubliez pas de changer de grosseur de plan chaque fois que vous arrêtez de filmer pour vous déplacer.
Mais nous pensons que les lecteurs de cet ouvrage voudront, pour la plupart, aller au-delà de ce que d’aucuns appellent le banal film « souvenir ». C’est précisément à ceux d’entre eux qui voient dans le cinéma un moyen d’expression privilégié que s’adressent les conseils qui vont suivre.
C’est le point de départ de tout travail de création. Le cinéaste amateur ne saurait donc échapper à cette démarche initiale.
Contrairement au cinéaste professionnel pour lequel le choix d’un sujet doit parfois tenir compte de contraintes commerciales, le cinéaste amateur peut se déterminer en toute liberté, sans autre souci que celui de réaliser une œuvre personnelle. Dès lors, le moindre événement, la situation la plus simple, voire la plus banale, peuvent fort bien constituer la trame d’un film, à condition de trouver l’idée directrice ou le centre d’intérêt autour duquel se développeront les principales séquences.
Notre propos n’est pas ici de vous proposer des idées de films ou des scénarios, mais de chercher à vous faire découvrir le processus de réalisation d’un film, quels qu’en soient les thèmes et le genre. Nous noterons cependant, qu’à côté des films à caractère « personnel » : anniversaires, cérémonies, jeux d’enfants, voyages, chansons filmées, etc., il existe des films dont la réalisation implique la formation d’une équipe. Le tournage d’un film à scénario constitue, à cet égard, une excellente occasion de s· amuser entre bons amis, à condition de choisir une histoire simple dont l’interprétation et la mise en scène ne dépassent pas les possibilités de l’équipe.
Tourner un film à scénario peut être pour la famille une excellente distraction de week-end au cours de laquelle chacun, en fonction de ses talents, peut assumer une tâche : acteurs, caméraman, metteur en scène, éclairagiste etc.
Quel que soit le sujet choisi, vous ne pouvez pas passer directement au tournage de votre film. Si vous voulez éviter de filmer des plans inutiles ou, ce qui est beaucoup plus grave, oublier d’enregistrer des plans qui vous feront cruellement défaut au moment du montage, vous avez intérêt à établir un plan de tournage, c’est-à-dire pour reprendre le terme technique consacré, à effectuer le « découpage » de votre film.
Le découpage consiste à déterminer l’ordre de succession des plans, leur enchaînement, leur nature et leur durée : ces deux derniers éléments déterminant le « rythme » du film.
Précisons d’emblée qu’un découpage rigoureux n’est pas toujours possible, ni d’ailleurs souhaitable. Cela dépend tout autant du sujet abordé que de la personnalité du cinéaste. Quoi qu’il en soit, l’idée directrice du film, sa trame et son fil conducteur devront être déterminés soigneusement avant le tournage. Dans le cas de films de reportage ou de voyage, cela pourra constituer le minimum indispensable à la bonne articulation des séquences dont le déroulement précis ne peut être prévu.
Pour un clip ou un scénario, par exemple un découpage précis sera indispensable, sans priver pour autant le cinéaste du minimum d’improvisation dont il pourra avoir à faire preuve en cours de tournage.
Pratiquement et bien qu’il n’existe pas de règles strictes pour établir un découpage, la forme de présentation la plus courante est celle d’un tableau comportant un certain nombre de colonnes. On y fait habituellement figurer les numéros des plans, leur description sommaire (grosseur et enchainement), leurs durées approximatives ainsi que toute autre indication qui peut s’avérer utile en cours de prise de vues (mouvements de caméra, effets techniques etc). Des éléments de commentaire et quelques indications sonores (bruitages, ambiances) pourront éventuellement aussi y trouver place.
Le découpage ainsi effectué constituera la préfiguration du déroulement de votre film. Il vous servira de guide et de référence permanente à travers les principales étapes de sa réalisation. Il sera aussi le plus sûr garant de son unité et de sa continuité.
Avant de déclencher votre caméra assurez-vous d’avoir bien réglé l’exposition du film en fonction des différents éléments qui interviennent dans le plan, et vérifiez également la mise au point. Contrairement au numérique, ce n’est que plusieurs jours plus tard que vous pourrez contrôler la qualité du travail, et il est donc préférable de multiplier les vérifications sous peine de mauvaises surprises.
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